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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 16:56

fright-night.jpg

 

 

Pour quelles raisons les traducteurs français du premier Fright night, celui de 1985, ont-ils cru nécessaire de rebaptiser le film Vampire, vous avez dit vampire ?, nul ne saurait sans doute le dire excepté quelque spécialiste en sciences occultes. C'est assez révélateur en tout cas de la manière dont les films d'horreur étaient alors traités. Et vingt-six ans plus tard, voilà que le remake du film de Tom Holland sort sur les écrans avec son titre original, Fright Night. C'est assez révélateur de la manière dont la langue française est maintenant traitée.

 

Bon je chipote et je fais mon vieux con, je sais, mais amusez-vous à rédiger des introductions pour chaque film d'horreur que vous regardez et on en reparlera...

 

Bref, l'histoire de ce remake prend de très larges libertés avec le scénario original, ce que je ne lui reproche en aucune manière, mais l'argument principal demeure à peu près le même : Charley Brewster vient d'hériter d'un vampire comme voisin et cherche une manière de s'en débarrasser, se tournant notamment vers Peter Vincent, un homme de spectacle censé être un spécialiste dans la lutte contre les vampires mais se révélant surtout être un fabuleux poltron.

 

Il faut vous dire que j'ai un gros attachement vis-à-vis de Vampire, vous avez dit vampire ?, pour la bonne raison que c'est le premier film d'horreur que j'ai vu de ma vie. Là, logiquement;, je devrais me lancer dans un long récit bardé de nostalgie pour vous raconter les circonstances de cette découverte merveilleuse et de la passion qui s'ensuivit mais en fait j'ai la flemme et je suis à peu près certain que vous n'en avez stricement rien à foutre, alors on va faire dans l'ellipse et tout le monde sera content. — Donc, même si le film de Tom Holland n'a pas franchement bien vieilli et fait montre d'un sacré paquet de faiblesse, y-compris dans sa réalisation parfois maladroite, je continue à le porter dans mon coeur et à le regarder fréquemment, ne serait-ce que pour la personnalité des personnages et le scénario qui ne manque pas de truculence.

 

Inutile donc de vous dire que je craignais le pire en abordant ce remake. D'autant que les remakes, cela fait quelques années qu'ils me cassent les ouètes en petits morceaux. Le cinéma d'épouvante américain bégaye et se répète, refaisant des films en moins bien dans l'espoir de capter un nouveau public en utilisant de vieilles recettes. Il en ressort des produits insipides comme le remake de Amityville, voire totalement indigeste comme celui de Day of the dead. Et puis tout de même, de temps en temps, quelques réussites. Le Dawn of the dead en fait partie par exemple, précisément parce qu'il est tout sauf un remake, tout au plus une variation sur le même thème qui, en ne cherchant pas à copier bêtement Romero, aboutit à une création originale et de grand talent.

 

Est-ce le cas de ce Fright night ? Oui et non, à vrai dire. Disons qu'à mon grand soulagement, le réalisateur et les scénaristes prennent très vite leurs distances vis-à-vis du film de Tom Holland. Si la situation générale ainsi que les noms des personnages restent les mêmes, l'agencement même de la narration, ses enjeux, ses tenants et ses aboutissants prennent eux des directions totalement différentes. On n'a donc pas du tout l'impression de regarder une stupide imitation et c'est un très bon point, surtout quand on connaît le film par coeur...

 

A côté de cela, le film ne se démarque pas spécialement des autres productions du moment. Je suis actuellement en train de regarder la série Teen wolf et j'ai été frappé par les convergences esthétiques, sinon diégétiques, entre ces deux avatars de la culture horror-teen très en vogue depuis quelques années. Twilight, gentiment moqué dans Fright night, n'y est pas étranger. On retrouve cette ambiance brumeuse et crépusculaire, cette étrange indolence qui, semble t-il, exprime le sentiment de toute une jeunesse bourgeoise américaine dont on se dit qu'elle doit bien s'emmerder dans la vie, la pauvre...

 

De présentateur de télévision grisonnant, le personnage de Peter Vincent est devenu un performer artistique très rock'n roll de Las Vegas. On aurait tout aussi bien pu changer son nom, Peter Vincent (références à deux monstres sacrés de la Hammer, Peter Cushing et Vincent Price) ne collant pas vraiment avec ce mélange hétéroclite entre Marilyn Manson et David Copperfield. La petite amie de Charley Brewster est nettement plus délurée et demandeuse que ne l'était son équivalent des années 80, la maman de Charley Brewster ne cache pas non plus ses hormones qui la travaillent, et le Charley Brewster lui-même a perdu de son côté naïf des origines pour devenir un adolescent ayant trouvé le bonheur en reniant sa nature. Quand on a trente-cinq ans et qu'on a grandi avec Les Années collège, on se sent forcément un peu largué...

 

Bon là je m'égare et je dis un peu n'importe quoi, mais voilà : le défaut principal de Fright Night est de faire dans le teen-movie qui ne cherche surtout pas à prendre de risques, bien adapté à une tranche d'âge fixée à l'avance par les producteurs, un rien démagogique et pas toujours des plus intelligents.

 

A côté de cela, le film ne manque pas de rythme, il est même plus nerveux que celui de Tom Holland, et réserve son lot de scènes choc qui sont loin d'être détestables. Il offre aussi une scène qui, à elle seule, vaut que le film soit regardé : un combat assez hallucinant contre un vampire tout neuf et particulièrement amoché qui relève franchement du pathétique. Les acteurs ne sont pas mauvais, la musique fait franchement penser à Dany Elfmann mais n'est pas vilaine, la réalisation est d'un calibre correct, bref Fright Night peut amplement se regarder pour peu que l'on ait épuisé son intégrale de Buffy, auquel on pense tout de même beaucoup tout le long.

 

Mais Buffy restera probablement dans les mémoires un sacré bout de temps tandis que Fright Night, à mon humble avis, n'aura qu'une durée de vie limitée au sein des annales.

 

Sur ce, je vous laisse !

 

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commentaires

M
Il est vrai que la ravissante métaphore anatomique paraît audacieuse.<br /> <br /> Ceci dit, excellent divertissement. Et merci à Century21 et son pieu, un grand moment.
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L
« [...]au sein des annales », ça se dit ?<br /> M'enfin tu écris bien ce que tu veux, t'es chez toi...
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