L'Exorcisme (2010) de Manuel Carballo

Emma Evans est une adolescente plus ou moins typique, qui vit chez des parents fortunés et quelque peu bobos (même si j'ai horreur de ce terme) sur les bords, qui supporte mal leur décision de ne pas l'envoyer au lycée pour se charger eux-mêmes de son éducation, et qui supporte encore plus mal d'être possédée par le diable, ce qui l'amène à faire ou dire des choses qu'elle a tendance à fâcheusement regretter plus tard, ce qui n'est cependant pas l'apanage des possédés, il faut bien le reconnaître. Bref, ce qui tombe bien, c'est qu'il y a un prêtre dans la famille, qui va se charger de pratiquer l'exorcisme à domicile et en toute discrétion.

Intitulé sobrement L'Exorcisme en français et un peu moins sobrement Exorcismus dans sa version anglaise, ce film a la particularité d'être de nationalité espagnole tout en étant filmé à Londres, entièrement dans la langue de Shakespeare – ou de J. K. Rowling, si vous préférez – avec des acteurs britanniques. Je m'empresse d'ailleurs de préciser que c'est là sa seule particularité. En-dehors de cela, L'Exorcisme accumule les clichés et les poncifs de films d'exorcisme avec un tel entrain qu'on a plus l'impression de feuilleter un catalogue que de regarder une oeuvre de création originale. C'est sévère, mais franchement c'est vrai.

Pourtant, au milieu de beaucoup de choses très banales se promènent deux ou trois petites perles. Un plan plus travaillé que la moyenne, une belle approche des effets sonores, quelques prestations d'acteur sincèrement réussies, et puis un twist final qui surprend réellement et aurait certainement sauvé le film s'il avait été mieux inspiré. Au final, on est en présence d'une oeuvre plus médiocre que mauvaise, et surtout terriblement inégale. Il semble que cela soit le lot des films d'exorcisme, d'ailleurs. A l'exception du chef-d'oeuvre de William Friedkin, je n'en ai jamais vu un seul qui sache se tenir sur la durée sans emmerder le spectateur d'une manière ou d'une autre. Mais bon, je n'ai pas tout vu non plus...

Bref, je ne recommande pas spécialement L'Exorcisme, sauf aux amoureux du genre qui n'auront, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, certainement pas attendu mon opinion pour le regarder. Un film qui use de ficelles grosses comme le bras tout en se donnant des allures de production post-moderne, ça fait tellement prétentieux qu'on en soupire toutes les deux minutes. Et quelques jolies minutes ne rattrapant pas une heure trente de médiocrité, on peut sans remords passer son chemin. C'est comme pour la messe : il y a à boire et à manger, mais ça ne vaut pas le coup d'y ruiner une grasse-matinée dominicale.

Sur ce, je vous laisse ! The power of Christ compels you et toutes ces sortes de choses.