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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 07:01

kingdom_of_the_spiders.jpg

 

Comme vous l'aurez compris en découvrant le titre original de ce film, Kingdom of the spiders, « le royaume des araignées », un titre franchement pas terrible par ailleurs, L'Horrible invasion (ce n'est guère mieux) nous entretient de méchantes bébêtes à huit pattes qui se mettent à attaquer en surnombre et avec une pugnacité qui force le respect tout ce qu'elles trouvent de vivant sur leur passage, transformant ainsi la paisible région de l'Arizona où elles ont élu domicile en un abominable cauchemar pour arachnophobes militants.

 

Bon, ce n'est pas exceptionnel comme résumé mais pour parler franchement L'Horrible invasion ne propose rien de bien original dans son argument de base. On est en plein dans cette vogue des films plus ou moins insectoïdes (oui je sais : les araignées ne sont pas des insectes...) qui se donnent des allures de films catastrophes, combinant ainsi deux genres qui, il est vrai, ont moyen de se marier avec bonheur. Plus connu, peut-être plus réussi aussi malgré ses nombreuses incohérences, L'Inévitable catastrophe devait ainsi sortir sur les écrans un an plus tard.

 

Ici, on s'amusera de voir les attaques d'araignées filmées au début à la manière subjective façon Spielberg dans Jaws qui, décidément, aura traumatisé tous les réalisateurs de films de genre pour les dix ans à venir. On y retrouve d'ailleurs cette même volonté, propre aux années soixante-dix il est vrai, d'ancrer l'action dans un climat et une réalité sociale bien définie, se voulant réaliste mais tombant quelque peu dans le cliché paresseux en ce qui concerne Kingdom of the spiders : le vétérinaire beau gosse et truculent prenant soin de sa veuve de belle-soeur, le garagiste camelot sans succès, le maire qui n'a d'autre obsession que la foire du comté, la blonde de la ville qui se révèle être entomologiste, etc. On se demande d'ailleurs ce qu'une entomologiste vient faire dans l'histoire puisque, derechef, les araignées ne sont pas des insectes, mais bon...

 

On s'amusera aussi de voir tous ces braves arizoniens ne pas s'émouvoir spécialement de la présence sur leur sol de ce qui ressemble clairement à des mygales. Je ne suis pas un spécialiste en la matière, mais il ne me semble pas que cette espèce d'araignée soit particulièrement répandue dans cette région des Etats-Unis. Il est vrai qu'on en trouve au Mexique, mais de là à ce qu'un paysan du coin ne signale pas immédiatement un nid à mygales établi sur ses terres et dans lequel grouille plus d'une centaine de ces gentilles mandibulaires, c'est tout de même une attitude dont le flegme relève plus de la Grande-Bretagne que des contrées désertiques des Etats-Unis...

 

Du coup, lorsque les faits deviennent clairement dramatiques et que l'attaque en masse commence, on a un petit peu envie, toute empathie mise à part, de faire remarquer à chacune de ces personnes que ça leur pendait tout de même au nez, cette histoire...

 

Malgré toutes ces critiques et toute cette morgue ironique, n'allez pas croire que j'ai détesté ce film. Il a beau souffrir de nombreux défauts, et en premier lieu un début poussif et manquant cruellement d'originalité, il se révèle dans sa dernière partie assez impressionnant. J'espère ne pas faire dans le spoiler en écrivant que, par exemple, la séquence de l'attaque en règle de la ville se distingue par une énergie certaine, soudaine éruption de violence au sein d'un film qui, jusqu'ici, s'obstinait dans la platitude. Si la cassure de rythme est assez maladroite, elle a au moins le mérite de réveiller le spectateur. S'ensuit un huis-clos au sein duquel la tension et l'angoisse sont fort bien rendues. Bref, c'est dans ses dernières trente minutes que L'Horrible invasion devient enfin prenant et mérite qu'on se rongeasse quelque peu les ongles. Le film se distingue même dans le profond désespoir qu'il exhale. Je ne peux pas trop en dire, là encore pour ne pas trop déflorer l'intrigue du film, mais j'ai été très surpris par l'implacable noirceur de son propos. C'est le seul moment où l'on observe enfin un vraie marque d'originalité et, puisque mieux vaut tard que jamais, c'est fichtrement louable...

 

Bref, si vous aimez les histoires d'animaux qui mordent ou qui piquent, si vous aimez les paysages de l'Arizona et la country-music, si vous aimez les films catastrophes des seventies et les bonnes bouilles burinées par le soleil des patelins rouges, alors L'Horrible invasion saura peut-être vous satisfaire. C'est un excellent stéréotype des films de son époque, sinon de sa mentalité. Mais c'est aussi un film qui, avec un certain courage, se signale par une fin sans compromis qui ne manque pas de surprendre. Une oeuvre respectable, en somme.


Sur ce, je vous laisse !

 

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