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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 00:09


Dans ses Idées noires, Franquin écrivait que les éruptions solaires symbolisaient le soleil vomissant sur la Terre en réponse aux sacrifices humains que les Atzèques lui adressaient. Dans Prédictions (Knowing, en version originale), c'est encore pire que ça : l'une de ces charmantes éruptions va tout bonnement éradiquer toute forme de vie sur la planète. A la suite de monstrueuses coïncidences qui, évidemment, n'en sont pas, Nicolas Cage prend conscience de l'inévitable et va donc tout faire pour l'inéviter, parce que contre le soleil, faut pas déconner, même Bruce Willis ne pourrait pas y changer grand-chose.

Là je résume très grossièrement l'histoire du film, mais sincèrement c'est tellement confus comme scénario que je n'ai pas envie d'y passer trois plombes. D'abord, on nous parle du débat, ou plutôt de la confrontation, entre la théorie du déterminisme et celle de l'aléatoire. Ensuite se pose la question des sciences divinatoires. S'ajoutent à cela de lourdes références religieuses. Les liens entre le père (évidemment veuf) et le fils. Et puis tout bonnement la fin du monde (« tu entends Milou ? la FIN du MONDE ! »). Le tout englobé dans le second mouvement de la Septième de Beethoven. En deux heures de temps. Y a des courageux.

L'ennui, c'est que le film veut tellement faire dense qu'il en devient atrocement ennuyeux. C'est triste à dire, mais au bout d'une heure de gesticulations, on en est à se fiche complètement de savoir si oui ou non l'humanité va disparaître. Nicolas Cage est bon acteur, c'est une évidence, mais dans ce film il a l'air de tellement s'emmerder que, forcément, c'est communicatif.

Alors oui, on s'en fiche. On s'en fiche de savoir qui sont ces « murmureurs » mystérieux qui le pourchassent lui et son fils, et quand à la fin on comprend (plus ou moins) de quoi il retournait, on se dit qu'on avait bien raison de n'en avoir rien à faire. On se fiche de savoir si Cage va se rabibocher avec son papa pasteur, alors qu'il est lui-même devenu depuis la mort de sa femme un esprit honteusement désanchanté, refusant la notion de Sainte Providence, et probablement méchamment athéiste. De toute manière, connaissant la mentalité du cinéma américain, on se doute de ce qui va arriver. Et ça ne manque pas.

C'est comme ça, à Hollywood : si on vous montre au début un couple qui refuse d'envisager le mariage ou de faire des enfants, alors vous pouvez être certains que le film se terminera dans une église ou une maternité. Et si l'on vous expose un personnage qui ne croit pas en Dieu, c'est qu'il trouvera la foi juste avant le générique de fin. Sinon ce n'est pas un happy-end, vous comprenez !

Donc, si le film survole assez succinctement les questions scientifiques, forcément mauvaises puisque porteuses de scepticisme, il en rajoute volontiers dans la référence religieuse. Le personnage qu'incarne Nicolas Cage, celui-là même qui voit venir l'Apocalypse avant tout le monde, s'appelle John. Autrement dit : Jean... Quant à son fils, il porte le prénom de Caleb. Pourquoi appeler son fils Caleb, un prénom typiquement Juif, quand on a un père pasteur ? Parce que du point de vue théologique, ça fait mieux. Caleb, c'est le seul avec Josué qui avait compris que la Terre Promise existait et que Dieu n'était pas qu'un vilain farceur qui s'était amusé à raconter des craques à Moïse...

Le tout se conclue dans une évocation revisitée du Déluge et de l'Arche de Noé, avec des anges high-tech et, pour finir, un bel îlot de nature flamboyante au milieu duquel trône un arbre immense. Soit c'est un hommage à Beckett, soit c'est une référence à la Genèse. Je penche personnellement pour la deuxième interprétation, allez savoir pourquoi...

Bon vous l'aurez peut-être compris, cette manière de vouloir faire coller le scénario d'un film à suspens vaguement teinté de mysticisme bon-marché à des épisodes bibliques m'a profondément gonflé. Le film cherche à se donner une importance qu'il n'a pas, et ce ne sont pas ses quelques scènes grand-spectacle ou ses égarements lacrymoniaux qui rattrapent le tableau. Certes la réalisation se défend : sans être remarquable, elle sert le propos avec talent. Certes, les acteurs ne sont pas dégueulasses, à l'exception disais-je de la prestation amorphe de Nicolas Cage, mais tout de même, qu'est-ce qu'on s'emmerde ! On passe deux heures à supporter un film prétentieux, et la fin ne nous récompense nullement de nos efforts. Bref, on a le sentiment toujours déplaisant que des gens se sont amusés à insulter notre intelligence.

Personnellement, j'ai horreur de ça.

Sur ce, je vous laisse, et si vous surprenez votre gosse en train de rédiger de manière hystérique des chiffres sur une feuille de papier, ne lui arrachez pas le stylo des mains. Vous n'avez jamais lu Dolto ou quoi ?
 
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commentaires

L
<br /> Alala Predictions ... Disons que le film se concentre plus sur la relation Cage/fils que sur ses chiffres mystérieux qui sont au final relégué au 500éme rang et c'est dommage ...<br /> <br /> Mine de rien j'ai plutôt apprécier la fin, disons que je m'y attendais pas et jusque là les mecs qui chuchoter n'était pas vraiment présenté comme une menace, ils apparaissent 10 minutes dans le<br /> film à tout casser et je m'attendais pas à ce qu'ils soit le twist. Pas le film de l'année quoi mais assez divertissant. De bon effets spéciaux cela dis, surtout pour le métro.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Je suis en profond désaccord avec toi concernant Prédictions, Picrotal.<br /> <br /> Je dois bien avouer qu'Alex Proyas signe l'un de ses moins bons métrages mais je trouve que le script, malgré ses clichés d'usage malvenus (le père veuf, campé par ce cabotin de Nicolas Cage),<br /> semble avoir un peu plus de couilles que la majorité des films-catastrophe, épargnant systématiquement les "héros" de l'histoire qui finissent généralement par annihiler la menace (voir 2012, plus<br /> récemment). Or, les auteurs osent au moins aller jusqu'au bout et nous servent, je trouve, un final aussi surprenant que beau (bon d'accord, j'adore les extraterrestres et les lapins donc je ne<br /> peux pas être objectif !).<br /> <br /> Qui plus est, ce serait oublier les prouesses techniques dont fait montre Proyas. Le plan-séquence du crash de l'avion est tout bonnement superbe et tenu d'une main de maître. Ceci dit, c'est vrai<br /> qu'en dehors de ce plan-séquence et du final, Proyas ne semble pas s'être vraiment foulé (surtout au regard d'I, Robot, par exemple).<br /> <br /> Quoi qu'il en soit, je trouve que ce Prédictions vaut son pesant de cacahuètes bien qu'il n'ait pas les moyens d'entrer en compétition avec les oeuvres précédentes de Proyas.<br /> <br /> <br />
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