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6 juillet 2013 6 06 /07 /juillet /2013 08:19

World-War-Z-Affiche-USA-2-Brad-Pitt.jpg

 

Ancien super-héros de l'ONU reconverti en honnête père de famille aimant et tout le tralala, Brad Pitt se voit confier la mission d'enrayer à lui tout seul, ou presque, la grande épidémie qui décime la population mondiale et transforme l'humain lambda en zombie sprinteur désireux de mordre tout ce qui respire encore.

 

L'affiche du film résume assez bien la situation : on nous promet la guerre mondiale, mais c'est tout de même Brad Pitt que l'on voit en premier plan. Et le film parle de Brad Pitt. Et pour être tout à fait sincère, si j'ai éprouvé l'envie d'aller voir ce film au cinéma malgré ma claustrophobie et mon agoraphobie maladives, c'est parce que j'étais curieux de voir sur grand écran le premier film de zombies comptant au générique une star comme Brad Pitt. Mais bon, au final, c'est plus un film de Brad Pitt comptant au générique des zombies.

 

Il faudrait d'ailleurs faire remarquer quelque chose aux réalisateurs qui embauche des monstres hollywoodiens de la trempe de Brad Pitt : leur présence dans un film constitue un spoiler en soi. Quand, alors que le film n'a commencé que depuis vingt minutes, Brad Pitt est à deux doigts de se jeter du haut d'une corniche parce qu'il craint d'avoir été infecté, le suspens ne marche pas. Comment voulez-vous qu'il marche ? Comme si on pouvait croire une seconde qu'un acteur portant le film à lui tout seul allait mourir en moins de trente minutes...

 

Certains réalisateurs, beaucoup même, ont la lucidité d'exploiter convenablement leurs stars. D'autant que Brad Pitt, et cela vaut pour Bruce Willis, Leonardo DiCaprio ou d'autres, est tout sauf un mauvais acteur. Marc Forster n'a visiblement pas le réflexe de prendre en compte cet élément extradiégétique, si j'ose m'exprimer ainsi, pourtant incontournable au sein du cinéma contemporain, et même au sein du cinéma tout court, puisque le processus de starisation a toujours existé dans le septième art.

 

Bon, et sinon, à part Brad Pitt ? Ben, euh, Brad Pitt. Brad Pitt parcourt le monde comme un Tintin mandaté par les Nations Unies, Brad Pitt sauve tout le monde quand il peut, comprend tout ce qui se passe, dégoupille des grenades dans des avions et trouve encore le temps de penser à sa famille et de s'offrir une canette de coca. Ah oui, de temps en temps aussi on voit des zombies.

 

Contrairement à ceux du livre de Max Brooks (mais il convient de signaler qu'à part son titre, ce film n'a rien à voir avec le bouquin), les zombies de World War Z sont redoutablement véloces. Ils sont aussi très méchants et claquent des dens comme s'ils avaient froid. De temps en temps ils ne bougent pas, sauf pour se retourner brusquement alors que l'on essaye de passer derrière eux. Comme dans un jeu vidéo, en fait. Leur odorat est totalement inerte, ce qui va à l'encontre de toutes les traditions existantes, et ils sont très propres.


D'ailleurs c'est un point à signaler : le film tout entier est très propre. Evidemment, on ne va pas foutre 175 millions de dollars dans un film pour pondre un truc interdit aux moins de seize ans, mais quand même, là c'est vraiment très très propre. N'espérez pas voir voler des entrailles et des cervelles. N'espérez pas voir des zombies dégueulasses avec des morceaux qui manquent. N'espérez même pas voir une goutte de sang. World War Z est un film qui semble avoir été passé à la moulinette de la censure giscardienne : les impacts des coups de feu sont hors-champ, ceux des coups de pied aussi, bref on devine que Brad Pitt a touché sa cible à son regard rassuré et à sa façon de relâcher son arme, mais on n'en saura pas plus. 

 

Je ne suis pas un partisan effréné du gore à tout prix, vous le savez, mais c'est tout de même aller très loin dans le propret que de réaliser un film d'action d'une manière aussi inoffensive. Les gamines assises derrière moi laisaient échapper de temps en temps, parce qu'on voyait une tête de zombie en gros plan, un « woah c'est dégueulasse ! » sans vraiment y croire elle-même. Le spectacle est bien plus gore lorsqu'elles se font péter leurs boutons d'acné devant la glace de la salle de bains. Je dis ça sans méchanceté : c'était agréable de voir des ados opter pour une séance en version originale sous-titrée. 

 

Ah oui, je crois également ne pas avoir entendu le moindre gros mot dans World War Z. Mais je ne peux pas en jurer. Ça ne serait pas surprenant toutefois, le film est vraiment calibré pour attirer sur les écrans le public le plus large, et le plus jeune, possible. Pour la suite, ils pourraient tout aussi bien prévoir que Brad Pitt soit secondé par Dora l'exploratrice.

 

Sinon il est question du monde dans le titre, et là ? Ben comme je vous l'ai dit, là il est surtout question de Brad Pitt. Brad Pitt va en Corée du Sud mais on ne verra rien de la Corée du Sud. Ensuite il va à Jerusalem, mais on aura juste droit à un résumé rapide (et erroné) des souffrances du peuple Juif durant le vingtième siècle, un énième monologue sur la question dans un film hollywoodien. Il faut croire que les Américains ne connaissent pas du tout l'histoire des Juifs. Ensuite Brad Pitt va au Pays de Galles, dont on ne verra pas grand-chose... Bref Brad Pitt parcourt le monde mais tout ayant été plus ou moins filmé au même endroit, on n'insiste pas sur la question. Seuls les plans sur Jerusalem sont intéressants. C'est d'ailleurs l'un des passages les plus marquants du film.

 

Il faut noter que Forster est du genre contemplatif. De fait, le film n'a vraiment d'intérêt que sur grand écran, afin d'apprécier les grands tableaux qu'il nous délivre en filmant les villes depuis le ciel, en filmant l'océan dans son immensité, en embrassant de sa caméra le gigantisme de certaines situations. Par moment le film est beau, vraiment. Pas forcément passionant, mais beau. Il tend en revanche à tomber dans le fouillis total dés que l'on est placé au coeur de l'action, et les huis-clos ne sont pas non plus sa spécialité. C'est d'ailleurs dommage que les scénaristes et les réalisateurs n'aient pas plus insisté sur le caractère « global » de l'infection zombie, sur ce monde qui tombe dans le chaos et devient incontrôlable. Lorsque Brad Pitt en avion voit émerger depuis le sol un champignon atomique, sans que l'on sache dans quel pays cela se déroule (probablement l'Iran, toutefois) ni ce qui vient de se passer, c'est très réussi. Mais hélas, ponctuel et anecdotique. Parce que, et l'on retombe sur ce que je disais au début, c'est Brad Pitt la star du film, pas le monde.

 

On cherchera d'ailleurs en vain une réflexion, une métaphore, dans World War Z. Les films de zombies ont généralement tendance, héritage de Romero oblige, à faire dans l'intellectualisme. A nous parler de l'homme à travers les morts-vivants. J'admets volontiers que rien n'oblige un réalisateur à nous délivrer un message, et certains films de zombies feraient aussi bien de s'en passer quand ils pondent un rabachage éhonté de tout ce qui s'est dit avant juste pour s'offrir une crédibilité pas chère, mais quand même. De là à nous coller un film où presque tout le monde est gentil, où les pillages se font dans le calme et où les rabbins se réconcilient avec les imams, il y a de la marge...

 

World War Z n'est pas un bon film. Ce n'est pas non plus une daube, mais tout de même un truc que l'on oublie rapidement, qui ne procure pas beaucoup de sensations et n'en laisse pas derrière lui une fois terminé. En général, quand je sors d'une salle de cinéma, je me sens pris encore dans les images que je viens de voir, dans l'ambiance où j'ai baigné pendant deux heures. Là, j'avais juste envie de faire pipi. Dans un sens, je m'attendais à bien pire, à une sombre merde par exemple. J'ai juste regardé un film moyen. Assez insipide. C'est assez triste que le premier blockbuster de zombies, et que le premier film d'horreur comptant comme vedette une star de l'acabit de Brad Pitt, soit aussi peu réussi, mais il ne fallait pas s'attendre à un miracle. On verra si Hollywood retente l'expérience. Pour le moment, on annonce que Schwarzy va, à son tour, jouer dans un film de zombies, et il semblerait que la suite de World War Z soit déjà sur les rails.


Pas grave, tant que le cinéma indépendant ou financièrement plus modeste continuera à exploiter les zombies à sa sauce, tout ira bien.

 

Sur ce, je vous laisse.

 

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