Le mec dans la mine il tue tout le monde et dix ans après y a un mec avec un costume de mineur lui aussi il tue tout le monde alors on se demande si c'est le même mec qui tue tout le monde dix ans après ou alors si c'est un autre mec qui fait comme le premier mec dix ans avant en tuant tout le monde. Ça le fait, comme résumé ?
Le truc, avec les films qui datent du début de la généralisation (relative) de la 3D, c'est la naïveté presque touchante avec laquelle toute la communication est basée dessus. Ça fait penser à la fin des années 90, quand Internet est devenu tendance sans être encore tout à fait banal, et que tout le monde rajoutait des «point ceci » ou « point cela » partout, pour se donner des allures de modernité. Le comble du grotesque ayant été atteint à mon sens avec le formidable « Canard Point Net » pour nettoyer ses gogues.
My Bloody Valentine 3D est un film 3D. Pas moyen de l'ignorer. J'ai choisi d'ailleurs exprès un poster de promotion comme illustration de l'article, afin que vous puissiez constater vous-même : pas une image du film, rien que cette idée que vous allez vous prendre une pioche pour de vrai dans la tronche grâce à la 3D. Avec le seau de pop-corn qui tressaute et les nanas avec des gros nichons qui font de même. Vous connaissez la devinette : que fait l'industrie cinématographique quand elle a touché le fond ? Elle creuse.
Si ce n'était encore qu'une question de promotion, je ne dis pas. Il faut distinguer un film de la publicité que l'on fait autour de lui. La promotion de L'Exorciste a été un monument de putasserie sordide, cela n'empêche pas l'oeuvre de Friedkin (dans son montage original) d'être l'une des plus grandes réalisations de tous les temps. Il n'en va pas exactement de même avec My Bloody Valentine 3D. On le comprend dès le générique, quand les lettres se distinguent bien du fond pour créer l'effet trois-dimensions, oh la la mon Dieu, que c'est joli tous ces noms d'acteurs qui semblent sortir de mon écran pour voler dans mon salon.
Il en ira de même pour les scènes de meurtres, avec l'énucléation en relief, le gros bout d'arbre qui vous surgit dans la tronche, et tout le tralala. L'ennui, voyez-vous, c'est que moi j'ai regardé le film en 2D. Parce que je n'avais pas envie de m'emmerder avec des lunettes à la con, sans parler de heures de réglage de luminosité et de couleurs de mon écran pour obtenir un rendu à peu près valable, et au final l'impression de regarder un long-métrage d'animation fait avec des cartons découpés. Parce que c'est aussi nase que ça.
Il y a des films en 3D que l'on peut regarder en 2D sans que cela gène. Avatar, qui a lancé la mode, se voit en 2D sans problème. Il y a peut-être un ou deux plans où l'on se dit que là, c'est vraiment totalement gratuit et juste pour le public à lunettes bicolores, mais dans le fond ça passe. Le film n'est pas terrible, mais ça passe. My Bloody Valentine 3D, ce sont des effets gratuits tout le long. Un film-prétexte. Et au bout d'un moment, c'est juste saoulant. Alors qu'en exploitant un peu mieux son graphisme et son scénario, il aurait pu se révéler bien plus intéressant que ça.
Parce qu'il a des qualités, ce film. Il renoue avec un gore bien craspec façon slasher deuxième génération qui ravira les nostalgiques, et parvient à ne pas se montrer trop prévisible en maintenant avec succès le suspens autour de la véritable identité du tueur fou à la pioche folle. Il a aussi le courage de nous montrer pendant au moins dix bonnes minutes une actrice totalement à poil sans rien cacher de son anatomie. Dans un film américain, même s'adressant à un public d'ados vrillé de l'hormone, c'est relativement exceptionnel.
Donc, en somme : le plus, c'est le gore, le suspens et la gonzesse à poil. On a fait mieux comme argument de vente, même pour un slasher. Le moins, c'est la 3D qui nous emmerde, une réalisation banale, des dialogues qui se traînent, des personnages trop calibrés, bref cette volonté farouche de nous pondre un produit et rien de plus, sans même prendre la peine de s'en cacher. Ce qui rend ce film parfaitement dispensable, n'ayons pas peur des mots.
Sur ce, je vous laisse.