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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 02:33

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1968. L'année de toutes les contestations et de tous les changements. Prague et son printemps meurtrier, Paris et son mai rouge et noir, le Vietnam qui pose problème, la course aux étoiles qui s'affole, les Beatles qui sortent un double album fondateur, les Rolling Stones qui chantent Sympathy for the devil, et David Bradley qui réalise They saved Hitler's brain. Cherchez l'intrus.

 

Quel dommage que les traducteurs français aient éprouvé le besoin de rebaptiser ce film On a volé le cerveau d'Hitler. Il faut croire par ailleurs qu'ils n'ont pas regardé le film avant d'opter pour pareille traduction, mais ça c'est difficile de leur en vouloir. En tout cas, il n'est nullement question de vol dans ce film, et ce « on » mystérieux est clairement identifié : ce sont des fanatiques nazis qui, on n'arrête pas le progrès, ont réussi à conserver intact le cerveau d'Hitler ainsi que la tête qui va autour, le tout soigneusement à l'abri dans un bocal. Cette fine équipe, réfugiée dans un bunker situé dans un petit pays d'Amérique du Sud, prévoit de lancer sur le monde un gaz abominablement mortel, obéissant (ou croyant obéir) ainsi aux ordres de celui qui n'aura jamais autant mérité le titre de « chef ».

 

On a du mal à croire que ce film a été réalisé dans les années 60 tant il ressemble à toutes ces séries Z des années 40 et 50 dont les plus célèbres sont naturellement les oeuvres inoubliables d'Edward Wood. A vrai dire, les seules marques de « modernité » qui transparaissent dans They saved Hitler's brain réside d'une part dans les petits accents funky de certaines musiques, et dans le look de quelques personnages, lunettes de soleil et grasses moustaches, qui n'est pas sans rappeler celui des acteurs pornos dans les basses productions américaines des années 70. En-dehors de cela, voilà un film qui semble une survivance anachronique des navets des décennies qui le précèdent, avec sa réalisation statique, ses acteurs dont on jurerait qu'ils ont tous un balai enfoncé dans le cul, et son intrigue sans queue ni tête qui se donne au choix des allures de film d'espionnage ou de film de guerre, sans jamais parvenir à se fixer de manière précise.

 

Evidemment, il était inutile d'espérer un miracle. Avec un titre comme They saved Hitler's brain, on était en droit de s'attendre à de la kitchouille au kilo. J'étais d'ailleurs ravi de pouvoir enfin regarder ce film, tant on ne croise pas tous les jours des machins pareils. L'ennui, c'est que face à ce genre de productions, je me marre pendant trente minutes et puis je finis par m'emmerder méchamment. Repérer les incohérences, noter la platitude des dialogues, s'amuser de l'amateurisme de la réalisation sont des loisirs qui n'ont qu'un temps. Découvrir enfin la tête d'Hitler trônant dans son bocal et esquissant des sourires sardoniques fut encore l'occasion de m'arracher un sourire, mais dans l'ensemble mon ennui était déjà manifeste et je suis obligé d'avouer que j'ai terminé le film en ne le suivant que d'un oeil, une grille de mots croisés sur les genoux pour passer le temps.

 

A noter que le dvd est édité par Bach, une maison spécialisée dans la vente de films libres de droit à petit prix, sans aucun travail de remasterisation et avec des sous-titres d'une rare médiocrité. On a donc droit à une image craquelée et à un son merdique au possible, mais les traducteurs ont fait moins de faute d'orthographe que d'habitude. C'est déjà ça.

 

Je ne déconseille pas They saved Hitler's brain : c'est un film culte dans le registre de la SF ahurissante de connerie. Une vaste farce qui se prend au sérieux, que les amoureux de nanars trouveront forcément à leur goût. Mais vous l'aurez compris, inutile de perdre votre temps à regarder ce film si vous n'êtes pas d'humeur à prendre les choses au trentième degré minimum.


Sur ce je vous laisse, et si vous vous demandez pourquoi un scientifique juge nécessaire de prouver les effets dévastateurs d'un gaz sur l'homme en montrant les images d'un éléphant atteint de narcolepsie, je me le demande aussi, mais c'est la dure et sombre loi du stock-shot et personne n'y peut rien, pas vrai ?

 

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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 02:04

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Allan Mann, comme son nom l'indique, est un homme accompli. L'homme dans toute sa splendeur et sa virilité, l'Homme avec un grand H comme la bombe. Il a un corps d'athlète et fait du jogging avec des briques dans son sac à dos, un truc de ouf quoi. Moi je grimpe dix marches d'un escalier et j'ai besoin d'une assistance respiratoire, et lui pendant ce temps il se pavane avec ses gros muscles partout et sa nana canon, la vie est injuste. Enfin, pas si injuste que cela puisque finalement un camion plus costaud que lui le colle à l'hôpital, d'où il ressort en fauteuil roulant, intégralement paralysé sauf de la tête qu'il avait dure. Afin de l'assister au quotidien, un de ses amis lui offre un singe spécialement dressé pour aider les handicapés, mais le singe a subi un traitement quelque peu spécial et développe une intelligence hors du commun pour une bestiole avec autant de poils. Disons le mot : une intelligence quasi-humaine. Ce qui, naturellement, va le rendre profondément vicelard, car comme dit le proverbe : « donnez un cerveau à un singe, et il vous assurera qu'il est le maître de l'univers ! »

 

Monkey Shines, curieusement rebaptisé Incidents de parcours pour la France, compte parmi ces quelques films que Romero parvint à réaliser durant sa traversée du désert. Autant le dire tout de suite, ce n'est certainement pas son meilleur, et l'on a finalement du mal à voir la patte du prophète des zombies dans cette réalisation somme toute assez convenue. Quand je dis qu'on a du mal, cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas : l'utilisation de la bande-son par exemple, avec ses écoulements de clichés violoneux volontairement castrés dés que l'action vient les contredire, porte en elle une ironie typiquement romerienne. Ou citons encore, deuxième exemple, le personnage de la mère qui apparaît dans ce film, névrosée typique trop heureuse de pouvoir materner comme un bébé son fils collé dans un fauteuil roulant, mais se plaignant et jouant les trémolos du sacrifice dés que l'on fait mine de la contrarier. C'est tout à fait le genre de personnages que Romero affectionne particulièrement.

 

Un troisième exemple ? Euh... En fait je n'en ai que deux à vous proposer, parce que pour le reste on est face à quelque chose d'assez classique. Dans la forme, même si la réalisation est d'excellente facture, nerveuse et parfaitement équilibrée, il n'y a pas de quoi non plus se lever sur sa chaise et danser une polka d'excitation. Dans le fond, on se demande un peu ce que c'est que ces histoires de mixture à base de cerveau humain qu'on injecte dans des fesses de singe pour les rendre plus intelligents, et d'où provient exactement l'étrange lien télépathique qui se met à unir le primate et son maître. On ne compte plus le nombre de réalisations qui se fourvoient dans des scénarios capillotractés pareils, et il faut bien reconnaître que Monkey Shines en fait partie.

 

Bien entendu, il n'est pas question de demander à un film fantastique de faire preuve de réalisme, mais il est toujours dommage de voir des histoires partir dans des directions pas possibles sans que rien ne vienne vraiment le justifier, si ce n'est précisément le fait que l'on est dans un film fantastique. Bref, c'est un peu le serpent qui se mord la queue, alors que moi je n'y suis jamais arrivé, et Romero habituellement ne tombe pas dans ce genre de pièges...

 

La morale du film, si tant est que l'on puisse vraiment parler de morale, repose dans l'idée que la violence, la colère, l'envie de meurtre ou sa concrétisation, bref ce qui est défini à un moment dans le film comme le « péché » réside dans l'instinct. Dans le lien qui se crée entre l'homme et le singe se mélangent ainsi l'animalité et l'humanité, donnant naissance à deux mentalités hybrides et déroutées. Chez l'homme, c'est la part sombre qui ressort, celle dont Romero allait parler plus tard, et avec plus de talent, en adaptant The Dark half de Stephen King. Chez le capucin, et là c'est déjà plus intéressant, se développe un comportement où l'intelligence hypertrophiée sert autant des instincts animaux que des sentiments humains mal définis, mal complétés, qui font de ce petit monstre simiesque un redoutable adversaire aussi imprévisible que tenace.

 

Il y a quelque chose de déchirant dans l'ultime combat qui opposera Allan Mann (et décidément ce patronyme n'a pas été choisi par hasard) et Boo, son petit singe de compagnie. Cet animal doté d'une conscience qui le dépasse est tout autant cruel que pathétique, paradoxe contre-nature empli de haine mais également d'un désir fou d'amour et d'affection, sinon d'une nostalgie du temps où il n'était qu'un  capucin parmi d'autres. Ça me déstabilise toujours ce genre de trucs, un peu comme l'enfant tueur de Simetierre ou la créature mi-homme mi-monstre du Alien de Jeunet. Le film aurait d'ailleurs peut-être été avisé de plus traiter cet aspect-là, mais bon, en même temps je dis ça je dis rien...

 

Bref, Incidents de parcours vaut le détour pour peu que l'on ait rien de mieux sous la main, mais ce n'est certainement pas le Romero sur lequel se jeter si l'on veut se faire une idée du génie de ce réalisateur, ni le film à voir en priorité. Ce n'est pas mauvais non plus : c'est juste un film qui a du mal à s'extirper de son carcan pesant de banalité, voire de conformisme.

 

Sur ce je vous laisse, et si vous considérez que ce n'est pas à un vieux singe que l'on apprend à faire des grimaces, allez tout de même faire un tour à la Comédie Française et vous y constaterez que certains de ses vétérans ont encore bien du mal à se montrer crédibles lorsqu'ils jouent du Molière !

 

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1 août 2010 7 01 /08 /août /2010 03:26

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Quelque part aux Etats-Unis, probablement dans le Maine puisque c'est une histoire de Stephen King, une violente tempête amène avec elle une étrange brume qui recouvre tout sur son passage et dans laquelle résident des monstres peu recommandables, ainsi que vont s'en rendre compte les clients d'un supermarché qui retrouvent pris au piège entre des tentacules mangeurs d'homme, des moustiques gros comme des mouettes, et le prêchi-prêcha redoutable de l'illuminée chrétienne fanatique de service.

 

Si les adaptations des romans ou des nouvelles de Stephen King sont généralement fort décevantes, force est d'admettre que The Mist s'en sort plutôt bien. En particulier parce que son réalisateur, Frank Darabont, a choisi de laisser les monstres dans leur brume et de concentrer son récit sur les êtres humains enfermés dans la grosse épicerie qui leur sert d'improbable refuge. Si l'on a l'occasion de voir quelques détails anatomiques fort intéressants des créatures qui viennent de prendre le contrôle de la Terre, et si l'on a droit à des cours accélérés en matière d'entomologie infernale, c'est finalement du huis-clos qu'il propose que le film tire toute son ampleur.

 

Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, parce que je déteste ça : c'est toujours agréable de voir des monstres, surtout des comme ça, des mantes religieuses géantes ou des araignées à la tronche pas possible et aux moeurs encore plus zarbies, mais si le film s'était limité à cela, on aurait eu droit à une énième série Z vite fatigante ou, pire encore, à une production gros-budget façon blockbuster qui donne mal à la tête pour pas grand-chose.

 

Tandis que là, on s'amuse à voir évoluer les personnages, on observe la manière dont se réveillent les plus basses pulsions, les plus vilains instincts, les rancunes, les frustrations, et enfin chez la plupart des protagonistes ce désir fondamental de se rattacher à l'opinion de celui ou celle qui gueule le plus fort en brandissant la Bible et en désignant, selon son bon vouloir, des boucs émissaires en veux-tu en-voilà !

 

Stephen King est un familier de ces personnages de folles hystériques de la Bible. Je n'ai pas lu le roman dont le film est tiré mais je suis prêt à parier que, de ce point de vue, l'adaptation est très fidèle. Si d'aucuns contestent les qualités littéraires de cet auteur, et je n'en fais pas partie, il serait en tout cas profondément aveugle de nier sa capacité à créer des personnages et des situations tellement frénétiques qu'on ne peut s'empêcher de penser que c'est en effet comme cela que les choses tourneraient dans la réalité. King va toujours très loin, plus loin bien souvent que bon nombre de ses confrères, et c'est cette absence totale de retenue qui rendent bien souvent ses romans si crédibles. Dans le cas présent, le personnage d'aliénée chronique qui apparaît dans The Mist, prétendant parler avec Dieu, brandissant l'Apocalypse en s'érigeant en nouveau Messie mais, dans le fond, apeurée comme jamais, ordurière et revancharde, et boursouflée d'un orgueil pousse-au-meurtre impitoyable, est une pure merveille !

 

Pour le reste, on assiste à une oeuvre de très belle facture, nanti d'une réalisation certes peu originale mais très efficace, et servi par un environnement sonore très talentueux. Si certains personnages sentent très fort le cliché et si les dialogues ne sont pas toujours des plus mirifiques, cela n'enlève rien à l'ironie savoureuse qui ne cesse de parcourir le film, jusqu'à prendre par ailleurs des proportions d'une rare cruauté dans ses cinq dernières minutes.

 

Je suis un peu fatigué alors voilà, je fais dans le rapide, mais The Mist est à voir. Pas un chef-d'oeuvre, d'accord, mais un film bourré de qualités et fort bien soutenu par un réalisateur avisé qui ne sombre jamais dans le grand-guignol et affirme dans son récit un sens du rythme et de la narration plus que louable. A noter que Frank Darabont avait déjà adapté King à deux reprises avant The Mist, avec Les Evadés et La Ligne verte, et qu'il travaille actuellement sur une série intitulée The Walking dead. Une série américaine avec plein de zombies dedans, vivement que cela déboule sur nos écrans !

 

Sur ce je vous laisse, et si vous êtes du genre arachnophobe, ne laissez pas votre psy vous emmerder avec des histoires freudiennes de sublimation de la peur de la mère et montrez-lui ce film. Il comprendra.

  

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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 00:56

xtro

 

 

Si vous faites partie des deux personnes qui suivent ce blog avec une certaine régularité, vous avez sans doute constaté que j'aime à débuter mes articles par un résumé sommaire du film dont il s'apprête à parler. Je fais cela pour deux raisons : la première, c'est que cela permet au lecteur de situer le contexte général de l'oeuvre dont il va être question et de ne pas être trop paumé en lisant mes considérations essentielles dont je ne manque jamais d'éblouir l'Internet en usant de toute ma fougue créatrice et de toute mon absence totale de pudeur ou de modestie. La deuxième, c'est que c'est une merveilleuse manière de se simplifier l'existence. Les textes ont ceci de commun avec les jeunes femmes de confession musulmanes qu'ils sont extrêment difficiles à introduire. Déjà, à la fac, c'était une torture permanente que de trouver une manière un tant soit peu originale de commencer mes dissertations. Maintenant que j'ai tous mes diplômes en poche, je n'ai plus de raison de me prendre la tête alors je me la joue Télé 7 jours et c'est très bien comme ça.


Mais avec Xtro, je me retrouve face à un joyeux bordel. Tenter de résumer ce film relève de l'inconscience pure et simple. J'ai rarement vu des films se trimballant une intrigue aussi carambolesque. Dés le début ou quasiment on n'est pas certain de tout comprendre, et non seulement ce sentiment ne va pas en s'atténuant mais au contraire il se renforce jusqu'à une fin qui amène le spectateur à se dire : « d'accord, de toute évidence je n'ai pas tout compris, mais je crois sincèrement que c'est fait exprès. »


Bon c'est une histoire d'extraterrestre, d'enlèvement extraterrestre plus exactement, ou plus exactement encore de retour d'un enlevé par des extraterrestres, mais entretemps l'enlevé en question est devenu un extraterrestre lui aussi et il revient, après avoir repris forme humaine en fécondant une blonde qui a un chien, chercher son fils pour en faire un extraterrestre à son tour et pour lui donner des pouvoirs surnaturels dont il usera afin d'assassiner sa voisine du dessous à l'aide de ses jouets devenus vivants, parce que la vieille avait eu le malheur de tuer le serpent du gamin qui s'était retrouvé dans sa salade, à la vieille la salade, pas au gamin, puis pour faire pondre des oeufs bizarres à sa babysitter qui est française mais ne parle cependant la langue de Molière que pour dire des gros mots. Un truc comme ça, quoi. Mais j'ai omis un certain nombre d'éléments de l'histoire pour faire plus simple et plus compréhensible.


Xtro a une certaine réputation dans le petit monde des films d'horreur. Il est généralement considéré comme un navet, ou au moins comme une série Z. Pour ma part, j'ai du mal à rejoindre cette opinion. Il m'arrive souvent de dire que des films ont les qualités de leurs défauts, parfois de manière abusive parce que c'est une tournure de phrase que j'aime bien, mais là, avec Xtro, il est impossible de faire plus « film qui a les qualités de ses défauts » que ça. Tant mieux pour lui d'ailleurs, parce que des défauts il n'en manque foutrement pas ! Comme je n'ai pas envie de tous les énumérer, je me contenterais de citer le plus gros d'entre-eux, à savoir le montage du film, qui est clairement étrange. Je n'arrive même pas à définir ce qui cloche dedans, mais il y a quelque chose qui cloche, ça j'en suis certain. Et c'est moyennement défendable, même si l'on sait faire preuve d'une tolérance stylistique hors du commun, ce qui est mon cas de temps en temps lorsque j'ai envie de faire preuve de mauvaise foi.


Après, c'est un film qui a une ambiance. Une vraie. Une ambiance de quoi ? Là encore je ne saurais pas vous le dire exactement, mais il en a une. Avec ses effets spéciaux parfaitement cheap et dégueus à la fois, qui ne sont pas sans rappeler les actuels tentacles-porns nippons, et sa musique au synthé dont certains accents font, eux, penser à La Soupe aux choux (un film qui compte parmi mes préférés, alors ne vous moquez pas ou je vous mords), avec ses plans froids ou ses délires organiques façon Cronenberg première période et sa représentation cauchemardesque d'un monde de l'enfance où le clownesque devient sadique et meurtrier, genre « plus pervers polymorphe que ça, tu meurs », avec des cathédrales pour uniques montagnes et de noirs clochers comme mâts de Cocagne où des diables en pierre décrochent des nuages, Xtro ne mérite pas vraiment une classification B ou Z : on devrait plutôt considérer que c'est un film de série W, comme « Whatever ».


Ce n'est pas mauvais, ce n'est pas bon non plus, c'est juste à voir. Une fois, dans sa vie, pour se rendre compte et se faire sa propre idée. Mais surtout ne pas s'arrêter aux toutes premières minutes, à sa petite référence kubrickienne pompeuse ou sa classique « je suis un vilain monstre qui vient manger des gens ». Il faut laisser au film le temps de se développer, d'apparaître sous son vrai visage de grand n'importe quoi qui vient de nulle part, et s'accrocher, s'accrocher beaucoup et souvent, en admettant qu'après tout nous ne sommes certainement pas seuls dans l'univers et qu'il doit bien y avoir quelque part sur une autre planète une civilisation qui saurait comprendre exactement ce dont il est question dans ce fourre-tout à la fois dantesque et kafkaïen.


Pour faire plus clair : oui, parfaitement, je recommande Xtro et j'assume. C'est un délire comme seules les années 80 pouvaient en produire, pour le pire et le meilleur d'ailleurs, mais ce n'est certainement pas le plus vilain visage que cette décennie de merde peut proposer.


Sur ce je vous laisse, et si vous pensez tout savoir de la médecine moderne, sachez que vous aurez l'occasion en regardant Xtro d'assister à une configuration obstétricale à laquelle vous n'aviez probablement jamais pensé auparavant, ce qui est pour le coup tout à votre honneur !

  

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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 23:26
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Suite à diverses calamités sur lesquelles le film choisit de ne pas s'étendre, les Etats-Unis sont devenus un pays dictatorial dirigé, depuis l'étranger, par un président-gourou qui a su remettre au goût du jour les bons vieux jeux du cirque en instituant une course à la mort où les participants sillonnent le territoire américain et engrangent des points en fonction du nombre de gens qu'ils parviennent à tuer. Les femmes et les enfants rapportent un bonus supplémentaire, mais ce sont les personnes âgées qui s'avèrent les plus profitables pour le score final. Une organisation dissidente décide de s'attaquer à ce symbole national pour mettre à mal le régime présidentiel...

Voila en quelque sorte comment on pourrait résumer Death Race 2000, une production Roger Corman qui compte tout de même au casting le regretté David Carradine ainsi que Sylvester Stallone dans ce qui est sans doute son premier « grand » rôle, un an avant le Rocky qui allait le rendre célèbre dans le monde entier.

Vous l'aurez compris, ce film n'est pas exactement ce qu'il convient d'appeler un film d'horreur. On est bien plus dans le domaine de la science-fiction, ou même de l'action pure et simple. Mais j'ai jugé bon de lui consacrer un article tout de même, parce que primo je fais ce que je veux, que deuxièmo la violence du scénario lui offre une place de choix sur ce blog, et que troisièmo j'avais envie d'en causer un petit peu, ce qui nous ramène au primo d'ailleurs...

Death Race 2000 nous offre la vision d'une Amérique entièrement vouée au culte de la violence, dans laquelle des foules en délire ainsi que des journalistes extatiques applaudissent les assassins tant qu'ils n'en sont pas les victimes. Une thématique somme toute récurrente au sein du cinéma mondial, que cela soit dans l'excellent Battle Royale, naturellement, ou encore dans le non-moins excellent Prix du danger de Yves Boisset. Mais il y a quelque chose qu'on ne peut pas enlever à cette Course à la mort : le discours qu'elle tient est tellement extrème, tellement caricatural, qu'il en devient à la fois amusant et édifiant. La violence satirique du film surprend. Il n'y a vraiment que les séries B pour se permettre d'aller aussi loin, pour se montrer aussi démonstrative, aussi rentre-dedans, sans se préoccuper de circonvolutions pseudo-intellectuelles et pusillanimes à la Fight Club...

Maintenant, empressons-nous de le dire : Death Race 2000 n'est pas franchement une merveille. Parfois confus, sinon bancal, le film oscille entre des effets de toute beauté et d'autres d'une banalité sans appel, suivant le cheminement de son environnement musical composé tantôt d'une musique baroque en total décalage avec les images qu'il propose (du grand art), tantôt d'un salmigondis funk imbuvable (de la merde). Mais le film a le mérite de ne jamais tomber dans les excès qu'il dénonce : jamais les assassins motorisés n'apparaissent comme sympathiques, contrairement au spectacle que nous offre France 2 lorsqu'elle couvre le Paris-Dakar. Jamais le spectateur n'est amené à apprécier les scènes de meurtre auquel il assiste, présentées de manière crue et gore, mais avec suffisamment de brièveté pour que le sadisme naturel de nos petits cervaux ne puissent y prendre plaisir. Et une vraie morale, ironique sinon cynique, rend le tout savoureux pour l'âme de justicier masqué que renferme ma caboche...

L'ironie, c'est le maître mot de ce film. Parfois subtile comme l'éther, parfois lourde comme la bite d'un éléphant, mais toujours présente, sauf peut-être durant les rares scènes d'amour que le réalisateur s'est senti obligé d'incorporer à son propos, mais qui trouvent tout de même une justification dans la conclusion de l'histoire. Le tout est servi par des acteurs de talent, ce qui est rare dans ce genre de production. Carradine est évidemment très bon, Stallone est parfait dans son rôle de crétin bravache écervelé (alors que le bonhomme est en réalité très cultivé et très intelligent, contrairement à son homologue sénateur de Californie), et le reste du casting se signale aussi par sa qualité de jeu. Il est dommage que le doublage français soit atrocement baclé, ce n'est vraiment pas rendre justice aux prestations initiales...

Bref, je m'attendais à un très mauvais film, et je me suis retrouvé embarqué comme par enchantement dans cette jolie série B parfaitement subversive, politiquement incorrecte, qui dénonce sans chichis la violence de nos sociétés et ses dérapages politiques ou médiatiques.

Death Race 2000 est une fable pleine d'entrain qui saura faire passer une bonne soirée aux amateurs d'humour noir, d'action véloce et de films moins idiots qu'ils n'en ont l'air. Ça n'est pas d'une grande originalité, Orwell n'est jamais très loin, mais c'est tellement bourré de bonne volonté qu'il faudrait vraiment être une brute sans coeur pour ne pas s'y laisser prendre. 

Sur ce je vous laisse, et n'oubliez pas de regarder des deux côtés avant de traverser, ou vous aurez peut-être l'occasion de comprendre l'espace d'une seconde ce que c'est que d'être dans la peau d'une boule de baby-foot !
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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 21:02
20090604054408!Tarantula 1955

Tarantula, forcément, ça fait penser à Vampirella ou à Elvira, ou pourquoi pas à Barbarella, bref c'est le genre de noms fortement connoté érotiquement, peut-être à cause de son « a » final, je ne sais pas. Mais là, à moins vraiment d'avoir des goûts bizarres en matière de pilosités excessives et de membres surnuméraires, on peinera à trouver quoi que ce soit de sexy à la grosse tarentule qui constitue l'attraction principale du film.

L'argument de Tarantula peut se résumer en quelques mots : un nutritionniste a mis au point un aliment de synthèse en utilisant comme stabilisateur (si je ne me trompe pas) un isotope radioactif. Il crée ainsi des souris ou des cochons d'inde géants, ainsi qu'une tarentule qui, évidemment, prend la fuite et continue à grossir une fois en liberté jusqu'à atteindre des proportions parfaitement indécentes, semant la terreur, la mort et la destruction de lignes téléphoniques sur son chemin. Tout cela se passe dans le désert du Nevada, parce que c'est plus pittoresque.

Un an avant Tarantula, il y avait eu Them ! (en français : Des Montres attaquent la ville), qui s'intéressait à des fourmis mutantes. Les points communs entre le film de Jack Arnold et son « prédécesseur » réalisé par Gordon Douglas sont confondants, à un point tel que cela frôle le fichage de gueule. Etonnant par exemple d'entendre l'araignée géante émettre une sorte de stridulation ressemblant à s'y méprendre à celles des fourmis un an plus tôt. Et l'on se demande vraiment quelle réalité arachnologique peut mener cette brave bestiole à émettre le même son que ses congénères de science-fiction. Ajoutez à cela qu'au moment de dévorer ses proies, la bêbête à huit pattes pousse un rugissement comparable à celui d'un lion, et vous comprendrez que ce n'est pas sur le terrain de la zoologie que Tarantula tente de convaincre le spectateur.

On retrouve d'autres banalités inhérentes au genre de cette époque : le savant fou responsable de catastrophes sans précédent, après avoir manipulé des atomes qu'il n'était pas censé toucher, face à de braves citoyens (un gentil docteur, un flic bonhomme et sympathique, une agréable étudiante en biologie) qui doivent se démener ensuite pour réparer ses conneries. Méfiance classique face à la science et les scientifiques, marquée par la découverte des méfaits du nucléaire et le commencement de la guerre froide, qui pourrait être parfaitement légitime si elle ne se traduisait pas par l'expression d'un populisme aussi caricatural. Ainsi, pour mettre un terme aux dégats causés par l'araignée géante, on fait appel à l'armée qui sauvera avec talent la population en ayant recours à un bombardement « ciblé » de napalm...

Contrairement à la vision pessimiste sinon misanthrope d'un Kubrick dans 2001 ou d'un Romero dans Day of the dead, ici seuls les scientifiques sont les seuls grands idiots de l'histoire. Certes, ils croient oeuvrer pour le bien de l'humanité, mais ils outrepassent leurs droits et leurs devoirs et il faut ensuite s'en remettre aux splendides autorités compétentes pour que tout cesse d'aller de travers. Grotesque propagande qui semble oublier que si des savants plus ou moins fous ont inventé la bombe, c'est parce qu'on leur avait confié des crédits dans cette optique... Ici, le savant rappelle une figure détournée du docteur Frankenstein. Ainsi qu'il est dit dans le film : « la tarentule a son rôle à jouer ici-bas, comme n'importe quelle créature de Dieu. » Le message est clair : le scientifique a, lui, tenté de se substituer à Dieu, de le dépasser. Et la conséquence d'un pareil blasphème, c'est de la mort à tous les étages, et c'est bien fait pour ta face...

Bon, vous allez peut-être penser que je vois la mal partout, mais dans le fond ce discours perdure encore, précisément dans le remake qu'a réalisé Steve Miner de Day of the dead où l'on retrouve, trahison sans précédent de la pensée romerienne, ces personnages de scientifiques irresponsables face à des soldats sympathiques et pleins de bonne volonté... Avec une mentalité pareille, il ne faut pas s'étonner ensuite si des types comme Reagan, Bush ou Schwarzenegger arrivent à obtenir les faveurs des électeurs. Bon, cela dit, nanti d'un Sarkozy comme président de la République, je suis mal placé pour donner des leçons...

Pour ce qui est du champ purement cinématographique, on trouvera dans Tarantula tout ce qui fait le charme relatif des productions américaines de cette époque : un jeu incroyablement daté et poseur, des dialogues sans grande consistance, un scénario basique, et l'habituel alibi didactique sans aucun intérêt. Est-il vraiment besoin de nous projeter un petit film (tout comme dans Them !, encore une fois...) pour nous montrer combien la tarentule est une araignée redoutable ? De toute manière, celle dont on nous parle est aussi grosse qu'une baleine blanche, alors bon, à une échelle pareille, même un lombric aurait de quoi nous flanquer les chocottes...

Il faut toutefois concéder à Tarantula une certaine réussite en ce qui concerne les effets spéciaux et les maquillages. Certes, la tarentule géante n'est pas toujours des plus crédibles, mais un grand nombre de séquences force l'admiration. On pense aux animaux géants du scientifique, comme son cochon d'inde surdimensionné tout à fait bluffant, ou encore à ces visages rongés par une acromégalie galopante qui sont loin d'être ridicules. Bref, c'est une maigre consolation, et ce n'est pas cela qui aurait fait s'esbaudir Méliès, mais il convient tout de même de le signaler. Parce qu'en dehors de ce point-là, il ne faut pas compter sur la musique (boum boum taaa taaa) ou sur la réalisation pour rehausser le niveau de l'ensemble. Seul plan intéressant : la caméra qui subit un petit tremblement tandis que des rochers s'effondrent devant elle. Mais je ne suis pas certain que cela ait été fait exprès...

Bref, voilà, Tarantula reste à voir pour les amateurs du cinéma fantastique américain des années 50, ou pour ceux qui s'intéressent à la sociologie idéologique de cette époque vue à travers le prisme de la création artistique, ou pour ceux, enfin, qui aiment le kitsch et ont envie de rigoler un peu devant un nanar des familles, mais ceux qui cherchent un bon film de science-fiction de ces années-là auront tout intérêt à se tourner vers, par exemple, La Chose d'un autre monde de Howard Hawks, dont je ne suis pas spécialement fanatique, mais qui vaut tout de même largement plus le détour...

Ou alors, si vous voulez vraiment un film avec des machins géants, dans ce cas tournez-vous directement vers le Them ! précédemment cité. Il est beaucoup plus rigolo à regarder, et il faut toujours privilégier l'original à la copie...

Sur ce je vous laisse, et si vous vous demandez comment une araignée géante peut passer au travers d'une explosion de plusieurs caisses de dynamite sans même sursauter ou ressentir un timide chatouillis, sachez que je me pose exactement la même question.


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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 00:09


Dans ses Idées noires, Franquin écrivait que les éruptions solaires symbolisaient le soleil vomissant sur la Terre en réponse aux sacrifices humains que les Atzèques lui adressaient. Dans Prédictions (Knowing, en version originale), c'est encore pire que ça : l'une de ces charmantes éruptions va tout bonnement éradiquer toute forme de vie sur la planète. A la suite de monstrueuses coïncidences qui, évidemment, n'en sont pas, Nicolas Cage prend conscience de l'inévitable et va donc tout faire pour l'inéviter, parce que contre le soleil, faut pas déconner, même Bruce Willis ne pourrait pas y changer grand-chose.

Là je résume très grossièrement l'histoire du film, mais sincèrement c'est tellement confus comme scénario que je n'ai pas envie d'y passer trois plombes. D'abord, on nous parle du débat, ou plutôt de la confrontation, entre la théorie du déterminisme et celle de l'aléatoire. Ensuite se pose la question des sciences divinatoires. S'ajoutent à cela de lourdes références religieuses. Les liens entre le père (évidemment veuf) et le fils. Et puis tout bonnement la fin du monde (« tu entends Milou ? la FIN du MONDE ! »). Le tout englobé dans le second mouvement de la Septième de Beethoven. En deux heures de temps. Y a des courageux.

L'ennui, c'est que le film veut tellement faire dense qu'il en devient atrocement ennuyeux. C'est triste à dire, mais au bout d'une heure de gesticulations, on en est à se fiche complètement de savoir si oui ou non l'humanité va disparaître. Nicolas Cage est bon acteur, c'est une évidence, mais dans ce film il a l'air de tellement s'emmerder que, forcément, c'est communicatif.

Alors oui, on s'en fiche. On s'en fiche de savoir qui sont ces « murmureurs » mystérieux qui le pourchassent lui et son fils, et quand à la fin on comprend (plus ou moins) de quoi il retournait, on se dit qu'on avait bien raison de n'en avoir rien à faire. On se fiche de savoir si Cage va se rabibocher avec son papa pasteur, alors qu'il est lui-même devenu depuis la mort de sa femme un esprit honteusement désanchanté, refusant la notion de Sainte Providence, et probablement méchamment athéiste. De toute manière, connaissant la mentalité du cinéma américain, on se doute de ce qui va arriver. Et ça ne manque pas.

C'est comme ça, à Hollywood : si on vous montre au début un couple qui refuse d'envisager le mariage ou de faire des enfants, alors vous pouvez être certains que le film se terminera dans une église ou une maternité. Et si l'on vous expose un personnage qui ne croit pas en Dieu, c'est qu'il trouvera la foi juste avant le générique de fin. Sinon ce n'est pas un happy-end, vous comprenez !

Donc, si le film survole assez succinctement les questions scientifiques, forcément mauvaises puisque porteuses de scepticisme, il en rajoute volontiers dans la référence religieuse. Le personnage qu'incarne Nicolas Cage, celui-là même qui voit venir l'Apocalypse avant tout le monde, s'appelle John. Autrement dit : Jean... Quant à son fils, il porte le prénom de Caleb. Pourquoi appeler son fils Caleb, un prénom typiquement Juif, quand on a un père pasteur ? Parce que du point de vue théologique, ça fait mieux. Caleb, c'est le seul avec Josué qui avait compris que la Terre Promise existait et que Dieu n'était pas qu'un vilain farceur qui s'était amusé à raconter des craques à Moïse...

Le tout se conclue dans une évocation revisitée du Déluge et de l'Arche de Noé, avec des anges high-tech et, pour finir, un bel îlot de nature flamboyante au milieu duquel trône un arbre immense. Soit c'est un hommage à Beckett, soit c'est une référence à la Genèse. Je penche personnellement pour la deuxième interprétation, allez savoir pourquoi...

Bon vous l'aurez peut-être compris, cette manière de vouloir faire coller le scénario d'un film à suspens vaguement teinté de mysticisme bon-marché à des épisodes bibliques m'a profondément gonflé. Le film cherche à se donner une importance qu'il n'a pas, et ce ne sont pas ses quelques scènes grand-spectacle ou ses égarements lacrymoniaux qui rattrapent le tableau. Certes la réalisation se défend : sans être remarquable, elle sert le propos avec talent. Certes, les acteurs ne sont pas dégueulasses, à l'exception disais-je de la prestation amorphe de Nicolas Cage, mais tout de même, qu'est-ce qu'on s'emmerde ! On passe deux heures à supporter un film prétentieux, et la fin ne nous récompense nullement de nos efforts. Bref, on a le sentiment toujours déplaisant que des gens se sont amusés à insulter notre intelligence.

Personnellement, j'ai horreur de ça.

Sur ce, je vous laisse, et si vous surprenez votre gosse en train de rédiger de manière hystérique des chiffres sur une feuille de papier, ne lui arrachez pas le stylo des mains. Vous n'avez jamais lu Dolto ou quoi ?
 
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