Officiant dans la petite ville de Pontypool, perdue quelque part au milieu de l'Ontario enneigé, Grant Mazzy est un animateur de radio matinale grande gueule et légèrement mégalomane. Tandis que son émission démarre de manière relativement habituelle, des informations et des messages de plus en plus inquiétants sur des évènements sanglants se déroulant tout près font basculer le studio dans une anxiété qui devient rapidement insoutenable.
Ça, c'était pour le résumé, ou disons plutôt la rubrique « si vous avez raté le début ». Le problème avec un film comme Pontypool, c'est qu'il est difficile de rentrer dans les détails de l'histoire sans forcément en déflorer des points essentiels. Et si je me permets quelquefois de spoiler comme un malade, je n'ai pas vraiment envie de le faire sur ce film-là. Parce que c'est une oeuvre courageuse. Une oeuvre décalée à l'image, et je n'ai pas trouvé d'autres équivalents dans ma mémoire, du Frissons de Cronenberg.
D'abord, Pontypool est un huis-clos. Et pas le huis-clos façon maison hantée, avec le méchant esprit indien qui revient venger ses ancêtres en massacrant un imbécile toutes les vingt minutes. Un huis-clos tout ce qu'il y a de plus huis-closesque, composé de trois pauvres personnages coincés dans un studio de radio, recevant des messages affolants du monde extérieur, d'une apocalypse qui semble se dérouler à moins de cinq kilomètres de là. Si vous aimez le grand spectacle, vous serez déçu : Pontypool ne montre rien, ou presque. Ce n'est pas son objectif.
Ensuite, Pontypool situe son propos sur un niveau subtil et pour le moins déroutant. Si nous sommes bel et bien en présence d'une épidémie ou d'une infection, celle-ci ne se répand pas par l'air ou par le sang. Ici, c'est le langage qui est la clé. Le langage, la langue, le mot. Encore une fois, pas question de vous en dire plus. Mais on est en présence de quelque chose de radicalement différent.
Tout cela n'empêche pas Pontypool d'avoir quelques défauts : le film est quelquefois confus, semble se perdre par moment et n'évite pas quelques lenteurs qui n'ajoute rien au suspens ou à l'angoisse, par ailleurs bien réels et sensiblement bien dosés. Quelques défauts qui ne m'empêcheront pas de le recommander. Ce n'est un film d'horreur que parce qu'il faut bien le classer quelque part, mais on est surtout en présence d'un film OVNI qui en décevra peut-être quelques-uns mais ne manquera pas d'intéresser les autres.
A noter que le film vient de ressortir en DVD sous le titre, étrange, de Talking Dead, sous-titré La Mort en direct. Le site de la FNAC recommande même d'acheter le DVD de Pontypool en le rangeant dans la section « du même auteur ». Dans l'art de ne pas savoir ce que l'on vend, un record vient d'être battu...
Sur ce, je vous laisse. Kill is kiss.