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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 22:57

pontypool_xlg.jpg

 

Officiant dans la petite ville de Pontypool, perdue quelque part au milieu de l'Ontario enneigé, Grant Mazzy est un animateur de radio matinale grande gueule et légèrement mégalomane. Tandis que son émission démarre de manière relativement habituelle, des informations et des messages de plus en plus inquiétants sur des évènements sanglants se déroulant tout près font basculer le studio dans une anxiété qui devient rapidement insoutenable.

 

Ça, c'était pour le résumé, ou disons plutôt la rubrique « si vous avez raté le début ». Le problème avec un film comme Pontypool, c'est qu'il est difficile de rentrer dans les détails de l'histoire sans forcément en déflorer des points essentiels. Et si je me permets quelquefois de spoiler comme un malade, je n'ai pas vraiment envie de le faire sur ce film-là. Parce que c'est une oeuvre courageuse. Une oeuvre décalée à l'image, et je n'ai pas trouvé d'autres équivalents dans ma mémoire, du Frissons de Cronenberg.


D'abord, Pontypool est un huis-clos. Et pas le huis-clos façon maison hantée, avec le méchant esprit indien qui revient venger ses ancêtres en massacrant un imbécile toutes les vingt minutes. Un huis-clos tout ce qu'il y a de plus huis-closesque, composé de trois pauvres personnages coincés dans un studio de radio, recevant des messages affolants du monde extérieur, d'une apocalypse qui semble se dérouler à moins de cinq kilomètres de là. Si vous aimez le grand spectacle, vous serez déçu : Pontypool ne montre rien, ou presque. Ce n'est pas son objectif.

 

Ensuite, Pontypool situe son propos sur un niveau subtil et pour le moins déroutant. Si nous sommes bel et bien en présence d'une épidémie ou d'une infection, celle-ci ne se répand pas par l'air ou par le sang. Ici, c'est le langage qui est la clé. Le langage, la langue, le mot. Encore une fois, pas question de vous en dire plus. Mais on est en présence de quelque chose de radicalement différent.

 

Tout cela n'empêche pas Pontypool d'avoir quelques défauts : le film est quelquefois confus, semble se perdre par moment et n'évite pas quelques lenteurs qui n'ajoute rien au suspens ou à l'angoisse, par ailleurs bien réels et sensiblement bien dosés. Quelques défauts qui ne m'empêcheront pas de le recommander. Ce n'est un film d'horreur que parce qu'il faut bien le classer quelque part, mais on est surtout en présence d'un film OVNI qui en décevra peut-être quelques-uns mais ne manquera pas d'intéresser les autres.

 

A noter que le film vient de ressortir en DVD sous le titre, étrange, de Talking Dead, sous-titré La Mort en direct. Le site de la FNAC recommande même d'acheter le DVD de Pontypool en le rangeant dans la section « du même auteur ». Dans l'art de ne pas savoir ce que l'on vend, un record vient d'être battu...

 

Sur ce, je vous laisse. Kill is kiss. 

 

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 23:37

Mutants_le_film.jpg

 

 

L'histoire, vous la connaissez déjà : un virus de maboul qui transforme les gens en zombies cannibales a décimé l'humanité en l'espace de quelques semaines, et il ne reste plus dans le tas que des petits groupes de survivants qui se démerdent comme ils peuvent pour ne pas rejoindre les rangs des sous-vivants. En fait, la seule vraie grosse différence entre ce film et les autres du même genre, c'est que celui-ci a été tourné en Picardie et en Haute-Savoie.

 

David Morley — que je trouve un coup orthographié « Morlet » et le coup d'après « Morley », ce qui a foutrement le chic pour m'agacer — a donc déclaré avoir été influencé par La Mouche, d'une part, et 28 jours plus tard d'autre part. Vous constaterez d'ailleurs sur l'affiche qui illustre cet article que Mad Movies, dont je ne me lasse jamais de chanter les louanges, reprend à son compte cette déclaration comme s'il s'agissait d'une merveilleuse trouvaille de ses rédacteurs. Personnellement, ça ne me serait pas venu à l'idée de parler de La Mouche en parlant de Mutants. 28 jours plus tard d'accord, ça saute tellement aux yeux que ça en devient risible par moments. Mais pour ce qui est du film de Cronenberg, il fallait vraiment que le réalisateur en parle pour que je fasse le rapprochement : oui, en effet, tout comme dans La Mouche, on peut voir un homme se transformer petit à petit, perdre ses attributs physiques et mentaux humains et se dissoudre lentement dans une conscience qui n'est plus la sienne. D'accord, d'accord, d'accord... Mais c'est un point qui demeure tout de même assez anecdotique dans le film de Morley, même s'il fait partie des plus intéressants.

 

Bien entendu, parler de La Mouche était encore la meilleure manière de ne pas admettre qu'on a juste pondu un énième film de zombies contemporains. Je dis « contemporains » pour bien marquer la différence avec les zombies romériens dont la lenteur est proverbiale. Ici, tout comme dans 28 jours plus tard, l'infecté sait faire preuve d'une vélocité sans pareille. C'est dingue les distances que des gens malades comme ça sont capables de courir sans éprouver le moindre point de côté. Disons les choses comme elles sont : ce genre de virus, c'est comme une seconde jeunesse !

 

Mutants n'est pas mauvais, pas mauvais du tout même : il est juste assez banal et il souffre d'être interprété par des acteurs franchement pas terribles. Il n'y a guère que les mutants pour être crédibles, dés que les comédiens sont chargés d'échanger des dialogues ça sonne faux du début à la fin. En revanche les maquillages sont vachement réussis, et c'est plutôt dommage que Morley ait choisi une réalisation façon « caméra parkinsonienne » parce que ça ne laisse pas beaucoup l'occasion de les admirer comme ils le méritent.

 

Pour être juste, on sent bien que l'objectif était de pondre un film de zombies différent. Le début était d'ailleurs assez prometteur, multipliant les effets de leurre en éliminant sans préavis ceux dont on pouvait penser qu'ils deviendraient des protagonistes importants de l'histoire. Une fois les personnages principaux clairement dessinés, on ne peut qu'apprécier le huis-clos qui s'organise autour d'eux : il est malade, elle est médecin, ils sont amoureux. Elle assiste impuissante à son inéluctable transformation, il sent son âme lui échapper et seul son amour parvient encore un temps à lui faire raison garder. Et puis tout finit par s'effondrer lorsque d'autres gonzes tarés font irruption dans le tableau et ramène le film dans une dimension dégoulinante de clichés moribonds. Et le reste de l'histoire, à quelques exceptions près, ne présente plus guère d'originalité. L'environnement sonore ne fait rien pour arranger les choses, qui plus est...

 

Je pourrais en parler plus longuement mais j'ai (comme souvent) la flemme, alors disons pour conclure que Mutants est tout de même un bon film d'horreur français. Avec un titre aussi mauvais, on était en droit de craindre quelque chose de bien pire. Malgré des acteurs assez médiocres et un scénario assez banal, il parvient à maintenir égale l'attention du début jusqu'à la fin et ne tombe pas dans les égarements, si communs aujourd'hui, des remplissages de circonstance. Il ne mérite certainement pas les éloges que certains en ont fait, mais encore moins les vomissures inconsidérées que d'autres lui ont adressé. Et c'est sincèrement un film que les amateurs du genre ont intérêt à voir.

 

Sur ce je vous laisse, et si vous vous demandez pourquoi je n'ai pas dédié un article de ce blog à Claude Chabrol alors que j'en avais dédié un à Eric Rohmer, sachez que c'est uniquement parce que j'ai oublié de le faire, que Chabrol compte parmi mes réalisateurs préférés, que sa mort m'a beaucoup attristé et que je n'ai rien trouvé de mieux pour me rattraper que d'en parler ainsi et ici de façon hautement maladroite. Bien fait pour moi.

 

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 03:11

carriers_movie_poster.jpg


Un virus hautement mortel et hautement contagieux a ravagé la population mondiale. Les quelques non-infectés qui restent survivent comme ils peuvent, c'est-à-dire en s'organisant dans l'anarchie ambiante et en renonçant à tout ce qui, hier encore, différenciait l'homme de la bête. C'est le cas de ceux qui choisissent de s'enfermer dans des bâtiments protégés au maximum, ou celui de ce groupe de quatre jeunes gens qui partent sur les routes et dont le film choisit de suivre les aventures.


Comme vous pouvez vous en douter après avoir lu ce résumé sans saveur, Carriers (« porteurs ») est un énième road-movie post-apocalyptique comme le cinéma de genre nous en propose régulièrement. Il n'est d'ailleurs pas sans rappeler La Route en ce qui concerne l'ambiance, mais là je parle uniquement du roman de Cormac McCarthy, n'ayant pas encore eu l'occasion de regarder l'adaptation qui en a été faite. Un putain de roman, d'ailleurs : je suis comme tout le monde, je l'ai lu et je l'ai adoré. Du coup j'ai un peu peur de voir le film. C'est un ouvrage dans lequel le style même de l'auteur pèse tellement que la nécessité d'une transcription sur grand écran semble peu pertinente. Un peu comme ce type qui a jugé bon de filmer du Proust. C'est au moins aussi crédible que de composer des salsas sur les poèmes de Stéphane Mallarmé, à mon sens. Mais bon, là je suis en train de foutrement m'égarer...


Donc, disais-je, on est en présence d'un énième road-movie post-apocalyptique. Certes. Faut-il pour autant bouder son plaisir ? La réponse est non. Parce que Carriers est un bon film, et même un très bon film, et même une sacré bonne surprise comme ça fait plaisir d'en croiser de temps en temps.


D'accord, la représentation d'une Amérique déserte, jonchée de cadavres ou de porteurs infectés un peu partout n'a rien de bien originale, mais le film ne cherche pas à se construire là-dessus pour autant. Ce n'est qu'un postulat de départ, et il convient de dire que les réalisateurs le gèrent d'une main de maître. Ce chaos silencieux émaillé de brèves mais intenses et mystérieuses scènes de violence captive le regard autant que le cerveau, et l'on se fond dans l'atmosphère avec autant d'aisance qu'un cormoran se prend les ailes dans la dernière grande marée noire à la mode.


Ce qui fait la force de Carriers, c'est l'évocation même de l'humanité qui s'y dessine, une humanité au sein de laquelle les règles de civilité ne s'appliquent plus et où la loi du chacun pour soi est la seule qui tienne encore. Les quatre personnages que nous suivons sur les routes sont encore au début du film de jeunes gens plus ou moins innocents, rigolards et capables d'empathie à l'égard de leurs prochains. A mesure que le temps passe, nous les voyons se débarasser avec fatalité de ce genre de sentiments pour ne plus se soucier que de leur propre survie. Ils ne deviennent même pas des monstres sadiques : ils cessent tout simplement d'être humains, et vivent cette métamorphose avec tristesse et nostalgie. Chaque choix qui s'imposent à eux consiste à abandonner quelqu'un ou à le tuer, directement ou indirectement. Il n'est tout simplement plus d'insouciance possible.


La fin même du film, portée par un monologue intérieur qui frappe par sa qualité autant que par celle des images qui l'accompagnent, pose somme toute une question fondamentale : aux portes de la fin du monde, au sein d'un univers où survivre est un luxe tellement provisoire et incertain qu'il cesse d'être précieux, est-ce encore la peine de continuer à respirer ? Lorsque tout autour de nous a été détruit, lorsqu'il ne reste plus rien des repères qui faisaient la qualité ou l'essence même de notre existence, vivre est il encore une nécessité, ou juste un réflexe qui fait de nous des parodies de ce que nous étions avant que tout ne s'effondre ?


Carriers est donc un film bien plus intimiste et mélancolique qu'il n'y paraît. Un film sensible et intelligent, qui laisse dans la gorge une boule de tristesse grosse comme un oeuf. Pas le genre de films à regarder entre potes un samedi soir, à moins que vous ayez envie de plomber l'ambiance, mais une oeuvre talentueuse qui se regarde sans faiblir et sait vous prendre aux tripes sans trop jouer les putes violoneuses.


Sur ce je vous laisse, et si vous venez à mourir chez vous en toute quiétude, pensez tout de même à remplir la gamelle du chien juste avant, ou celui-ci n'aura pas forcément à l'égard de votre dépouille tout le respect qu'un maître est en droit d'attendre de son fidèle compagnon !

 

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 01:05
cityofwalkingdeadposter.jpg

Comme vous pouvez le constater, ce film s'appelle en anglais City of the walking dead ou parfois Nightmare city, en français L'Avion de l'apocalypse et dans sa version originale, c'est-à-dire en italien, Incubo sulla città contaminata, ce qui signifie je suppose quelque chose comme « L'Incubation de la ville contaminée » ou un machin du genre, je n'en sais rien, moi j'avais pris espagnol en quatrième et en plus j'étais une vraie bille.

Bref, ce film raconte l'histoire d'un avion qui atterrit sur un aéroport et qui contient des gens atteints d'un virus qui transforme leurs visages en une grosse masse spongieuse et qui leur donne envie de tuer tout le monde afin de boire du sang humain. Comme d'habitude, seule une destruction du cerveau peut les arrêter, mais il est bon de noter que ce ne sont pas des zombies au sens strict du terme, dans la mesure où ils sont capables de s'organiser en bande, de couper les fils du téléphone ou de tirer à la mitraillette. Des petits malins, en somme...

Ce film a déjà été largement critiqué sur le Web, et vous trouverez sans difficultés plusieurs articles de très bonne facture à son propos au sein de différents blogs, aussi je ne vais pas m'étendre. Disons qu'au niveau scénaristique, on est face à une succession de carnages accompagnée de quelques plans sur des militaires essayant de reprendre le contrôle de la situation bien au chaud dans leur base de commandement, que les méchants contaminés ont l'extrème générosité de mettre leurs victimes féminines seins nus devant la caméra avant de les trucider de manière assez sadique, et que le prétexte de la dénonciation des dangers du nucléaire y est particulièrement futile. Rien de particulier à signaler en ce qui concerne le jeu des acteurs ou la réalisation : elle est du niveau médiocre habituel de ce genre de productions transalpines. Quant à la musique, elle fleure mauvais les années quatre-vingt et s'incruste avec tellement d'insistance que je vais mettre trois jours à me la sortir de la tête. Merci beaucoup !

Pour ce qui est de la fin du film, elle est d'une rare sottise, mais cela je ne suis certainement pas le premier à le dire, c'est de loin l'avis qui revient le plus souvent concernant L'Avion de l'apocalypse.

Pour autant, si vous avez envie de voir une série Z absolue, et c'est précisément ce que je recherchais, alors vous frappez à la bonne porte et ne serez pas déçus de l'accueil. Rien que pour cela, je me refuse à déconseiller ce film. Mais les amoureux de bon cinéma d'épouvante peuvent passer leur chemin, ce qu'ils feront probablement sans avoir besoin de lire ces quelques paragraphes.

Sur ce je vous laisse, et si vous aussi vous vous réveillez un matin avec la moitié du visage moisie et suintante, allez d'abord consulter votre dermato avant d'aller piller et ingérer les réserves de plasma de l'hôpital près de chez vous.
 
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