Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 02:03

IncredibleShrinkingMan.jpg

 

 

Dans le domaine de la SF, on nous parle souvent de types qui n'ont pas de bol. Peter Parker qui se fait piquer par une araignée radioactive (ou génétiquement modifiée, dans sa nouvelle mouture cinématographique), ce n'est pas de bol. Jennifer Walters qui se fait transfuser du sang de son cousin Bruce Banner et qui devient par la suite toute verte – mais toujours aussi canon – et nantie d'une force colossale qui cadre mal avec l'idée que l'on se fait de la féminité, ce n'est pas de bol non plus. Mais dans ces deux exemples, on parle de super-héros, tandis que le héros de L'Homme qui rétrécit, Scott Carey, non seulement il n'a pas de bol quand il se fait imprégner par un nuage radioactif qui déclenche en lui un processus de rétrécissement, mais en plus ça ne va pas spécialement lui rendre service s'il désire par la suite rejoindre les rangs des sauveurs de l'humanité... 

 

Richard Matheson est l'auteur du roman qui a inspiré le film. Il en a également signé l'adaptation scénaristique. Richard Matheson est également l'auteur du roman Je suis une légende. Un écrivain probablement brillant donc, largement reconnu au sein du monde la littérature de science-fiction, et dont je n'ai jamais lu une seule ligne. Il va vraiment falloir que je m'y mette, c'est pas sérieux...


D'autant que ce film donne envie. Alors que la SF a tendance à promener l'humanité sur d'autres planètes, Matheson crée la confrontation entre l'homme et un monde hostile au sein de notre propre univers quotidien. Devenant de plus en plus minuscule jusqu'à ce qu'une simple araignée apparaisse comme une menace sans nom, Scott Carey n'évolue plus dans l'univers que nous connaissons, mais au sein d'une réalité aux accents singuliers, peuplés d'objets distordus par leur dimension fantastique. S'il garde au fond de lui la conscience d'appartenir à l'espèce humaine, il est étranger à la logique usuelle de la vie dans laquelle il évoluait voici quelques mois à peine.

 

Toute la dernière partie du film s'acte sur cette tension : on y voit Carey revenir aux premiers âges, devoir lutter pour sa survie à la façon d'un homme des cavernes, n'ayant que son ingéniosité et son courage pour espérer s'en sortir au jour le jour, sans cesser de rétrécir, encore, emporté dans un processus implacable face auquel il finira par se résigner, livrant en regardant le ciel une réflexion métaphysique d'une rare profondeur, dans laquelle l'infiniment grand et l'infiniment petit finissent par se rejoindre pour ne faire plus qu'un, dans un univers où, ainsi que l'écrit Matheson, « le néant n'existe pas ».

 

Le tout est porté par une réalisation signée Jack Arnold tout ce qu'il y a de bluffante, usant d'effets spéciaux traditionnels (effets de perspective à la Méliès) ou plus modernes (incrustations d'écran) qui pour la plupart ont particulièrement bien vieilli. Si l'on peut regretter certains égarements du cinéma de cette époque, à commencer par l'omniprésence de la musique, on ne peut malgré tout qu'être enchanté en observant les qualités techniques et esthétiques de The Incredible shrinking man.

 

Mon seul regret est que le film s'arrête avant le voyage au sein de l'infiniment petit, mais neuf ans plus tard Richard Fleischer allait pallier à ce manque en réalisant son Voyage fantastique, sans faire preuve cependant d'autant de talent que Matheson et Arnold... Joe Dante remettra le couvert des années plus tard avec L'Aventure intérieure, et déjà cela tient plus la route...

 

Bref, un excellent film que je regrette de ne pas avoir vu plus tôt... !


Sur ce je vous laisse, et si vous aimez les histoires de rétrécissement, écoutez donc Shrink des Dead Kennedys sur l'album Bedtime for democracy, c'est une excellente chanson !

 

Partager cet article
Repost0

commentaires