D'un côté, deux drôles de bonshommes sont chargés par la société pharmaceutique pour laquelle ils travaillent d'aller chercher King Kong sur l'île où il est adulé par la population locale pour le ramener à Tokyo où il deviendra la mascotte publicitaire de l'entreprise. De l'autre, Godzilla se libère de l'iceberg radioactif dans lequel il était maintenu prisonnier et s'en prend violemment aux installations militaires américaines avant de nuire aux intérêts de la compagnie ferroviaire japonaise. Les deux monstres finissent pas se croiser, et ils ne s'aiment pas !
S'il y a quelque chose que l'on ne peut pas reprocher à ce film, c'est de ne pas vouloir en mettre plein les yeux de ses spectateurs. Entre la destruction d'un sous-marin nucléaire américain, les danses et chants frénétiques et sensuels d'une tribu sauvage, le combat sans retenue entre une pieuvre géante et King Kong, l'attaque d'une base américaine par Godzilla, suivie par celle d'un train dont on évacue à toute hâte les occupants, peu avant que King Kong ne grimpe en haut d'un immeuble en tenant dans sa main sa nouvelle égérie, sans oublier bien sûr les deux sessions du combat entre les deux créatures... Bon, bref, pas de temps mort dans King Kong vs Godzilla. On se croirait devant un Allemagne-Brésil.
Mais alors, que peut-on reprocher à ce film ? Ma foi, comme on peut s'y attendre, d'avoir aussi mal vieilli qu'un best-of de Michel Delpech. Depuis que j'ai vu Le Monde perdu (1925), la même question me revient toujours : est-ce que les gens avaient conscience alors que les effets spéciaux qu'ils voyaient étaient mal faits ? Même dans un contexte différent, même sans prendre en compte la fulgurante évolution des techniques graphiques, on se rend tout de même bien compte que l'on est face à deux figurines statiques qui mettent le feu à des modèles réduits filmés en gros plan, non ? Ou alors l'oeil y croyait parce que c'était simplement la première fois qu'il voyait cela. Je ne sais pas. Il doit exister une littérature là-dessus, j'irai me renseigner.
King Kong contre Godzilla est un formidable nanar qui a le mérite de parfaitement réussir la rencontre étonnante entre deux icônes du cinéma de monstres, tout en trouvant le moyen de rajouter d'autres scènes d'action tout aussi surréalistes, des personnages comiques (à commencer par une sorte de Groucho Marx version nippone) et une histoire d'amour. Difficile dès lors de choisir entre rester dubitatif et admiratif devant ce film, qui n'est objectivement pas bon mais que j'aurais détesté mourir sans l'avoir vu. Je précise que je parle ici de la version japonaise, la version américaine ayant rajouté des scènes et modifié considérablement le montage, visiblement pour donner au film une dimension auto-parodique. Je n'en vois personnellement pas l'intérêt.
Enfin, King Kong contre Godzilla a le mérite de nous rappeler que, même dans une production Z en couleurs moches du début des années 60, les japonaises restent les plus jolies femmes du monde.
Sur ce, je vous laisse !