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20 juillet 2014 7 20 /07 /juillet /2014 10:32

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D'un côté, deux drôles de bonshommes sont chargés par la société pharmaceutique pour laquelle ils travaillent d'aller chercher King Kong sur l'île où il est adulé par la population locale pour le ramener à Tokyo où il deviendra la mascotte publicitaire de l'entreprise. De l'autre, Godzilla se libère de l'iceberg radioactif dans lequel il était maintenu prisonnier et s'en prend violemment aux installations militaires américaines avant de nuire aux intérêts de la compagnie ferroviaire japonaise. Les deux monstres finissent pas se croiser, et ils ne s'aiment pas !

 

S'il y a quelque chose que l'on ne peut pas reprocher à ce film, c'est de ne pas vouloir en mettre plein les yeux de ses spectateurs. Entre la destruction d'un sous-marin nucléaire américain, les danses et chants frénétiques et sensuels d'une tribu sauvage, le combat sans retenue entre une pieuvre géante et King Kong, l'attaque d'une base américaine par Godzilla, suivie par celle d'un train dont on évacue à toute hâte les occupants, peu avant que King Kong ne grimpe en haut d'un immeuble en tenant dans sa main sa nouvelle égérie, sans oublier bien sûr les deux sessions du combat entre les deux créatures... Bon, bref, pas de temps mort dans King Kong vs Godzilla. On se croirait devant un Allemagne-Brésil.

 

Mais alors, que peut-on reprocher à ce film ? Ma foi, comme on peut s'y attendre, d'avoir aussi mal vieilli qu'un best-of de Michel Delpech. Depuis que j'ai vu Le Monde perdu (1925), la même question me revient toujours : est-ce que les gens avaient conscience alors que les effets spéciaux qu'ils voyaient étaient mal faits ? Même dans un contexte différent, même sans prendre en compte la fulgurante évolution des techniques graphiques, on se rend tout de même bien compte que l'on est face à deux figurines statiques qui mettent le feu à des modèles réduits filmés en gros plan, non ? Ou alors l'oeil y croyait parce que c'était simplement la première fois qu'il voyait cela. Je ne sais pas. Il doit exister une littérature là-dessus, j'irai me renseigner.

 

King Kong contre Godzilla est un formidable nanar qui a le mérite de parfaitement réussir la rencontre étonnante entre deux icônes du cinéma de monstres, tout en trouvant le moyen de rajouter d'autres scènes d'action tout aussi surréalistes, des personnages comiques (à commencer par une sorte de Groucho Marx version nippone) et une histoire d'amour. Difficile dès lors de choisir entre rester dubitatif et admiratif devant ce film, qui n'est objectivement pas bon mais que j'aurais détesté mourir sans l'avoir vu. Je précise que je parle ici de la version japonaise, la version américaine ayant rajouté des scènes et modifié considérablement le montage, visiblement pour donner au film une dimension auto-parodique. Je n'en vois personnellement pas l'intérêt.

 

Enfin, King Kong contre Godzilla a le mérite de nous rappeler que, même dans une production Z en couleurs moches du début des années 60, les japonaises restent les plus jolies femmes du monde.

 

Sur ce, je vous laisse !

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commentaires

D
Je suis content de ne pas être le seul à me poser la question de la crédibilité des effets d'antan.<br /> <br /> Ça devait se voir, mais j'incline à croire, en effet, que la sidération de la nouveauté (déjà, une image mouvante, ce n'était pas si banal, puis la couleur, puis de plus en plus de réalisme), la<br /> fascination de l'image lumineuse, gommaient largement ces préventions.<br /> <br /> Je ne me suis pas renseigné sur le sujet, mais pour prendre un exemple partiellement comparable dont je suis plus familier, les témoignages d'époque rapportent que tout le monde pleurait dans la<br /> salle pour Iphigénie de Gluck !<br /> Pour nous, ça nous paraît inconcevable : une musique tout en majeur, roborative, où la tragédie est vraiment sublimée par une couleur certes noble, mais très positive. Seulement, le public des<br /> années 1770 n'avait pas encore entendu le Sacre du Printemps, donc c'était impressionnant.<br /> <br /> Évidemment, la comparaison n'est que partielle, puisqu'il n'y a pas en musique l'enjeu de réalisme… mais je tendrais à croire que le mécanisme a ses points de comparaison.<br /> <br /> Après, à mon avis, à l'époque de King Kong contre Godzilla, ça se sentait clairement que c'était un peu miteux. (Dans le genre, j'adore The Giant Claw.)
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M
Les Sénégalaises ne sont pas répoussantes non plus, mais, étrangement, les cinéastes japonais n'en utilisent jamais dans leurs nanars. Va savoir pourquoi !!<br /> Pour les effets spéciaux, je pense pas que leur nouveauté leur donnait plus de charme à l'époque, ça devait déjà être minable. Il suffit de revoir quelques Méliès et on est tout de suite séduit par<br /> ses tours d'illusions pourtant faciles à démonter. Il manque certainement à Honda un peu de fibre poétique.
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