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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 23:11

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Une heure du matin, un copain qui squatte à la maison, on parle de nos films préférés et lui me dit, en anglais parce qu'il est américain, qu'il n'a encore jamais vu L'Exorciste. Alors il n'a pas vraiment eu le choix, et peu importait l'heure : on a regardé L'Exorciste.

 

Dans Beetlejuice, Michael Keaton s'exclame, alors qu'on lui demande quelles sont ses qualifications : « I've seen The Exorcist about 167 times, and it keeps getting funnier every time I see it ! » — Pour ma part je n'en suis pas encore là. Je ne sais pas exactement combien de fois j'ai vu L'Exorciste. Une trentaine de fois, une quarantaine peut-être ? Mais peu importe, même si je le connais par coeur, tant au niveau des dialogues qu'à celui du découpage des plans ou de la progression de l'intrigue, je continue à demeurer bouche bée devant ce qui est, selon moi, l'un des rares exemples de film parfait que l'on puisse trouver au sein de l'histoire du cinéma.

 

Je n'ai pas l'intention de rédiger un long article. Ce film, tout le monde ou presque l'a déjà vu, et il en existe de toute façon des dizaines d'excellentes critiques disponibles sur Internet. J'ai surtout envie de lancer un grand et long et langoureux cri d'amour. Je ne finis pas de me régaler avec The Exorcist, et plus surprenant encore : je ne finis pas d'y découvrir quelque chose de nouveau. Une allégorie que je n'avais pas encore remarqué. Un effet de symétrie qui m'avait précédemment échappé. On est en présence d'un film finement ciselé, d'une oeuvre profonde, poétique et puissante, qui semble ne rien laisser au hasard, qui creuse chaque détail, tout en demeurant accessible au public le plus large possible.

 

Mais je dois préciser que je parle ici de la version originale de 1973, et non de cette soi-disant version « intégrale » que Friedkin, choisissant de déféquer sur son propre chef-d'oeuvre, accepta de sortir pour l'an 2000. Cette autre version, agrémentée de nouveaux effets ridicules et infantiles et de scènes qui détruisent totalement l'architecture et l'équilibre du scénario, est une hérésie dégueulasse. Ce ne serait rien si l'on en était resté à la basse opération commerciale, mais cela va plus loin que cela : il est aujourd'hui impossible de trouver l'édition originale de The Exorcist en dvd neuf. Seule est disponible la version « intégrale », et cela malgré les protestation des cinéphiles qui ont fort bien compris, mieux que les producteurs en tout cas, qu'elle ramène l'une des plus belles oeuvres de l'histoire du cinéma au rang de simple film d'exploitation religieuse banal.


Espérons que des éditions blu-ray corrigeront cette injustice. D'une façon ou d'une autre, la version 1973, la seule qui vaille le coup d'être regardée, survivra quoi qu'il arrive. Mais jamais je ne pardonnerai à Friedkin d'avoir ainsi trahi sa propre vision et son propre talent, cédant aux pressions de William Peter Blatty qui n'avait pour sa part, en bon curé de service, jamais eu d'autre ambition que de donner naissance à un film de propagande vaticane.

 

Si vous n'avez jamais vu que l'édition « intégrale » de L'Exorciste, alors vous n'avez jamais vu L'Exorciste. Vous n'avez vu qu'une reproduction flétrie et profanée d'un chef-d'oeuvre, une pâle absurdité mercantile, bref une saloperie sans intérêt. Mais j'en conviens volontiers : ce n'est pas votre faute !

 

Ego te absolvo.

 

Et sur ce, je vous laisse !

 

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