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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 22:41

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Katie et Micah ont emménagé ensemble depuis peu de temps, elle est étudiante en anglais et veut devenir professeur, lui est trader free-lance et gagne très bien sa vie, ils sont fiancés, ils sont amoureux, et tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si Katie n'était pas, depuis l'âge de huit ans, victime des agissements d'un esprit qui lui pourrit le sommeil et la vie. Un petit détail de son existence dont elle n'avait pas jugé nécessaire d'avertir son petit ami avant qu'ils ne commencent à habiter ensemble. Comme Micah est un garçon pragmatique, il se dit qu'il serait idiot de laisser tomber sur le champ sa fiancée, d'abord parce qu'il l'aime même si elle est hantée, et ensuite parce qu'elle a des gros seins. Donc il achète une caméra dans l'espoir de filmer, et ainsi de comprendre, ces étranges phénomènes paranormaux qui la tourmentent. Il ne va pas être déçu.

 

Réalisé en dix jours pour un budget de quinze mille dollars, Paranormal activity nous démontre qu'il est encore possible de faire quelque chose de beau, et de spectaculairement rentable, avec quelques bouts de ficelle et beaucoup d'ingéniosité. Ceux qui vomissent par principe sur les films d'horreur ne devraient pas perdre cela de vue : depuis que l'industrie pornographique s'est entièrement vouée à la gloire du dieu Gonzo-Dollar, il ne reste plus que le genre de l'épouvante pour permettre à des réalisateurs ingénieux de produire des films inventifs et démerdards sans passer par la logique des gros studios, hollywoodiens ou autres. Il n'est pas qu'une machine à fabriquer des remakes, des suites ou des clones. Il n'est pas qu'une industrie produisant des torture-porn à la pelle pour flatter les bas-instincts voyeurs ou sadiques de ses spectateurs. Il est aussi un véritable laboratoire cinématographique, l'occasion pour des talents iconoclates de s'exprimer ainsi qu'ils le désirent, à l'image en somme des genres de la science-fiction ou du polar en littérature.

 

Le principe de Paranormal activity est similaire à celui de Blairwitch Project : la caméra embarquée. Une méthode narrative particulièrement à la mode en ce moment, depuis que le plus-que-magnifique REC en a de nouveau démontré la puissance de feu. Mais Paranormal activity se distingue par son extrème dépouillement en la matière. Deux acteurs principaux, deux personnages secondaires et parfaitement anecdotiques, et une maison comme seul décor. Une maison dans laquelle, à mesure que le temps passe, le cauchemar monte en intensité jusqu'à atteindre des sommets difficilement soutenables...

 

Je pense que vous l'avez compris : j'ai adoré Paranormal activity. Bien sûr, le film n'est pas sans souffrir de quelques défauts, le plus important d'entre-eux étant que les comédiens qui campent les rôles de Katie et de Micah ne sont pas toujours très crédibles dans leur jeu. Dans un registre narratif pareil, évidemment, c'est préjudiciable. Ce qui avait fait la force et le succès de Blairwitch, c'était l'incroyable naturel de ses acteurs. Ici, ce n'est pas forcément le cas. On ne peut pas dire qu'ils soient mauvais : c'est juste qu'ils « jouent ». Filmés d'une manière traditionnelle, cela ne poserait aucun problème mais là, et surtout au début du film, on a un peu de mal à rentrer dedans...

 

Pour autant, je m'empresse de dire que très vite j'ai oublié cette petite contradiction entre le jeu « traditionnel » des acteurs du film et son parti-pris narratif. Le réalisme des situations exposées est largement assez convaincant pour gommer ce léger paradoxe. Les dialogues entre les deux personnages sonnent très vrais, et la façon dont augmente la tension entre-eux à mesure que le stress et l'angoisse prennent le pas sur le lien privilégié qui les unit est confondante, apparaissant vite comme une intrigue secondaire en soi.

 

Et bien sûr, et surtout, les manifestations de plus en plus violentes de l'esprit qui occupe les pensées du jeune couple créent un sentiment d'angoisse allant crescendo. On redoute chaque nouvelle apparition tout en l'attendant avec curiosité. Et tout en espérant qu'enfin un moyen de s'en débarrasser apparaisse et sauve les deux tourtereaux du destin tragique qui leur pend au nez.

 

Paranormal activity ne montre rien ou presque, et suggère énormément. En cela, il est bien plus proche de La Maison du diable (The Haunting, l'un des grands chefs-d'oeuvre de Robert Wise) que de Blairwitch, qui pourtant dans son genre n'était pas des plus ostentatoires. Une méthode imparable lorsque l'on veut créer une vraie tension chez le spectateur, et pas seulement quelques sursauts de bon aloi.

 

Quand des gens me disent : « à quoi bon regarder des films d'horreur ? Pourquoi regarder des films pour se faire peur ? », je réponds invariablement que je n'ai jamais eu peur devant un film d'horreur. Et c'est la vérité. Croyez-moi si je vous dis que je suis un garçon terriblement peureux, du genre à changer de trottoir plutôt que de croiser un type qui, pour une raison futile, ne m'inspire pas confiance. Mais non, les films d'horreur ne m'ont jamais fait peur. A l'exception de Paranormal activity. Je vous l'avoue et vous le confesse : j'ai flippé devant ce film comme cela m'est rarement arrivé. Au point que j'ai préféré laisser une petite lampe allumée plutôt que de le regarder dans le noir absolu... Alors je ne parle pas de terreur, je ne parle pas d'effroi, je parle juste d'une réelle et tangible petite angoisse qui s'insinue en vous et met du temps à se dissiper ensuite. Et je crois que je n'avais pas ressenti cela depuis ma première lecture du Horla de Maupassant, lorsque j'avais douze ans et que j'avais lu ce texte en le prenant au premier degré, l'abordant comme une « simple » histoire de fantôme. Autant vous dire que je suis donc assez admiratif vis-à-vis du travail d'Oren Peli sur ce film !

 

En allant puiser dans les terreurs nocturnes ou enfantines, en jouant sur le registre de l'étrange, du détail anormal et irrationnel qui enfle jusqu'à tout envahir et dévorer autour de lui, Paranormal activity s'impose comme un modèle du genre. Une claque, une bombe, mais surtout une véritable leçon. Beaucoup ne l'ont pas aimé. Pour ma part, j'adhère et j'assume sans le moindre complexe.

 

Sur ce je vous laisse, et si vous subissez les assauts répétés d'un démon, la dernière chose à faire est de croire que votre copain trader va résoudre la situation. Il n'y aucune raison pour que des types qui ont réussi à flanquer par terre l'économie mondiale puissent mieux s'y prendre en ce qui concerne les sciences démonologiques.

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commentaires

A
<br /> Je ne les ai jamais avancés comme des faits objectifs. Ce sont là mes impressions, tout comme tu fais part de tes propres impressions par rapport aux aspects du film.<br /> <br /> Pour conclure, disons que je trouve que le fameux travail de préparation d'un an du réalisateur ne transparaît pas à l'écran. Et je me dis qu'avec le même budget, le film aurait pu être beaucoup<br /> mieux. Le pire dans tout cela, c'est que ce genre de productions va déferler sur la vague hollywoodienne et l'on ne va pas plus en finir de voir des petites productions à maigre budget qui n'ont<br /> que faire (c'est mon ressenti) de la qualité graphique comme narrative des produits.<br /> <br /> Merci Oren Peli !<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Je ne le répète pas à tout bout de champ, seulement deux fois...<br /> <br /> Oui, j'ai regardé Paranormal Activity avec toute l'attention requise, cela fait simplement plusieurs mois donc certains détails s'oublient.<br /> <br /> Comme je le disais, j'ai trouvé les séquences à suspense très réussis, montrant que la suggestion demeure la clé de l'horreur. Mais il existe à mon sens un énorme vide dans le scénario, qui se<br /> contente d'enchaîner les mêmes scènes à longueur de temps, ponctués par de petits climax.<br /> <br /> C'est décevant, à mes yeux, parce que le potentiel horrifique est bien là.<br /> <br /> Pour ce qui est des plans-séquence, désolé, mais un accéléré que je soupçonne d'être trafiqué n'est pas un plan-séquence. Tout est entrelardé de fondus enchaînés, de petites coupes, ou de<br /> soubresauts permettant d'enchaîner vulgairement avec la scène suivante (comme En Quarantaine et [REC]²). À mon sens, le film aurait gagné en tension avec de vrais plans-séquence, comme le montrent<br /> des films comme Funny Games ou l'épisode de la saison 5 de New York 911.<br /> <br /> Je l'avoue, je suis fan des plans-séquence, j'adore en voir et en réaliser, et je trouve que les films en prise de vue subjective ou caméras au poing sont des voies royales pour utiliser ce type de<br /> procéder. Donc oui, en effet, peut-être que je suis d'autant plus déçu par PA qu'il n'exploite pas ce filon alors que d'autres oeuvres comme [REC] ou Le Projet Blair Witch en ont joui.<br /> <br /> Mais l'absence de plans-séquence est un défaut parmi beaucoup d'autres dans Paranormal Activity. Scénario creux, interprétations bancales (l'autre qui scande des "Oh my God" toutes les 2 secondes),<br /> dialogues sans fond, écrits avec deux pieds gauches, facilités scénaristiques navrantes...<br /> <br /> Encore une fois, j'ai regardé PA sans a priori ni réelle attente, et j'ai été séduit par les scènes horrifiques. Mais je trouve vraiment désolant de voir qu'Oren Peli s'est réfugié derrière ses<br /> scènes à suspense pour masquer un scénario creux et une mise en scène échafaudée à l'arrache.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Sauf que je le répète, le scénario n'est pas creux du tout : il est précisément calibré et équilibré de manière à organiser la montée en puissance et en violence ces manifestations paranormales,<br /> se nourissant précisément des tensions de plus en plus fortes au sein même du couple, ainsi même que le médium l'avait expliqué lors de sa première visite. Pour ce qui est des dialogues, peut<br /> être te semblent-ils creux précisément parce qu'ils sont très réalistes. Aucune facilité scénaristique dans ce scénario : tout concourt au contraire à créer l'ambiance et le dénouement fatidique<br /> recherché. Pas de fioritures, juste une histoire calibrée pour coller parfaitement à son propos. Quant à la réalisation, elle est en adéquation avec le concept même du film. Rien d'échafaudrée à<br /> l'arrache là-dedans, il suffit de voir les bonus du dvd pour se rendre compte qu'au contraire le réalisateur a travaillé durant plus d'un an avec beaucoup d'attention à son scénario comme à son<br /> story-board. Tu as évidemment le droit de ne pas adhérer, et ton opinion vaut bien la mienne, mais je pense sincèrement que tu ne devrais pas présenter tes impressions personnelles comme des<br /> faits objectifs !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Franchement, tu me déçois beaucoup, Cali.<br /> <br /> Paranormal Activity est une merde sans nom, pourvue de séquences à suspense réussies, certes, mais l'ensemble pâtit d'une absence de scénario, d'un rythme inégal, de circonvolutions inutiles<br /> (l'exorciste entre puis ressort en prétextant qu'il ne peut rien faire), de personnages fades aux réactions incohérentes, d'un développement redondant (une manifestation paranormale la nuit, des<br /> dialogues stupides le jour, une manifestation paranormale la nuit, des dialogues toujours aussi stupides le jour, etc.) et d'une réalisation qui frise le ridicule, tant parce qu'elle ne cherche<br /> jamais à soigner sa technique (aucun plan-séquence, c'est tout de même dommage pour quelque chose censé être pris sur le vif) qu'elle ne s'occupe pas plus de son esthétique (fondus enchaînés très<br /> moches permanents - encore une fois, il est censé n'y avoir aucun montage ! - ; photographie morne ; cadrages casse-gueule).<br /> <br /> Autant je peux passer outre les déboires techniques de cette sombre merde, autant le manque de consistance et de cohérence (attention, je ne parle pas de rationalité) du scénario est impardonnable,<br /> rejoignant des écueils aussi colossaux que ceux de Haute Tension et À L'Intérieur. On est donc très loin du Projet Blair Witch et de [REC] (qui, lui aussi, pâtissait de faiblesses scénaristiques,<br /> soit dit en passant, mais avait au moins le mérite d'apporter une maîtrise technique rare, contrairement à son successeur).<br /> <br /> Et que l'on ne vienne pas me dire que les écueils de Paranormal Activity provienne de son budget car ce n'est pas l'argent qui détermine la cohérence ou la consistance d'un récit !<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Hé bien écoute, je suis désolé de te décevoir, mais non Paranormal Activity n'est pas une « merde » du tout. J'ai ressenti différemment tout ce que tu as vu dans ce film : les dialogues ne sont<br /> absolument pas stupides et marquent au contraire une progression narrative essentielle par rapport à l'évolution des manifestations nocturnes ; Quant à la scène du médium qui entre et ressort,<br /> elle est d'une logique parfaitement implacable au sein du récit. Car c'est un médium au fait, pas un exorciste, ce qui est justement très important. As-tu vraiment regardé le film avec toute<br /> l'attention qu'il méritait ? Pour ce qui me concerne, je n'ai rien à reprocher au scénario de ce film justement : il est parfaitement bien conçu, très équilibré, et très efficace.<br /> <br /> <br /> Pour ce qui est de l'aspect technique, parler d'absence de plan-séquence est tout bonnement mensonger puisque la plupart des scènes de nuit sont précisément des plans-séquences, mais à la rigueur<br /> peu importe, un film n'a pas besoin d'avoir des plans-séquences pour être bon de toute manière... Bref, dans l'ensemble, les choix esthétiques du réalisateur sont parfaitement pertinents. Tu<br /> aurais peut-être fait les choses différemment, mais ça n'est pas une raison...<br /> <br /> <br /> Tout sauf une merde. Tu as vu suffisamment de merde pour le savoir. Alors je ne vois vraiment pas l'intérêt de vomir comme cela sur un film qui ne le mérite PAS. On peut ne pas aimer, ce n'est<br /> pas le souci. Mais répéter à tout bout champ que c'est de la merde, de la merde, de la merde, de la merde, ça ressemble plus à un réflexe programmé qu'à l'expression d'une réelle opinion !<br /> <br /> <br /> <br />