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16 novembre 2013 6 16 /11 /novembre /2013 23:41

The-Bay-Affiche-Teaser-USA1.jpg

 

Comment les festivités du 4 juillet d'une petite ville côtière des États-Unis ont donné lieu à un indescriptible chaos se soldant par la mort horrible d'environ sept cents citoyens ? C'est la question à laquelle une série de documents audios et vidéos compilés les uns aux autres essaye de répondre, malgré la pression des autorités pour qu'aucune information ne puisse fuiter dans la presse américaine.

 

Il y a deux jours, je me regardais pour une énième fois non identifiée Good Morning Vietnam, film de Barry Levinson qui a bercé ma jeunesse. Le film, pas Barry Levinson. Typique des années 80 comme film, très bon au demeurant, mais je ne sais pas si quelqu'un pourrait encore aborder la guerre du Vietnam de cette manière-là. Quoiqu'il en soit, Levinson étant surtout connu pour ce film ou encore pour Rain Man, j'étais quelque peu curieux de savoir quel genre de film d'horreur allait bien pouvoir nous pondre ce grand monsieur du cinéma américain.

 

Je m'attendais surtout à du grand classique. The Bay, comme titre, ça fait penser à La Baie sanglante de Bava, et puis l'affiche est pour le coup totalement dans la lignée d'un Insidious ou d'un Esther, bref je me figurais une succession de meurtres dans une baie sinistre, avec des éléments surnaturels par dessus le tout pour plaire à tout le monde. Au lieu de cela, je me suis retrouvé en face d'une fable plus ou moins écolo, où des gens se font manger de l'intérieur par des isopodes mutants. Ça change, et ce n'est pas désagréable.

 

Sans vouloir exagérer le discours politique du film, on notera tout de même qu'il pose clairement la question de l'environnement dans son argument, pas seulement de manière générale mais en pointant du doigt de réels problèmes. Les fuites radioactives « mineures » dont on évite de nous parler pour ne pas nous inquiéter bêtement, le rejet dans les océans de produits qui flinguent un écosystème pour en instaurer d'autres peu recommandables, et surtout la question des élevages intensifs qui pourrissent et la terre et l'eau via la quantité de déjections qu'ils génèrent. Et là, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la Bretagne, pays souillé du lisier-roi.

 

Pour autant, le film ne cherche pas à développer une thèse. Il utilise ses éléments pour servir son scénario, qui nous est proposé sous la forme d'un mélange de différents documents, à la manière found-footage évidemment, puisque c'est la mode. Ce qui ne va pas sans poser les habituelles questions de crédibilité inhérentes au genre lorsque celui-ci est mal fichu. Pourquoi est-ce que Machin s'obstine à filmer quand la logique voudrait qu'il prenne ses jambes à son cou ? Pourquoi Bidule ne filme t-il pas LE truc devant lequel tout le monde s'extasie, sauf le caméraman qui trouve naturel de filmer les gens qui regardent plutôt que ce qu'ils regardent ? Et puis cette manie de tout filmer, tout le temps, à la moindre seconde, même quand grand-mère fait ses mots croisés ou que Robert coule un bronze aux toilettes... Le found-footage fonctionne dans plein de cas, dans d'autres il devient juste un gimmick indéfendable scénaristiquement. Avec The Bay, on est entre les deux. Ça ne suffit pas à pourrir le film, mais ça peut faire grincer des dents de temps en temps.

 

Il faut bien reconnaître qu'au moins, Barry Levinson a parfaitement saisi toutes les opportunités que cette technique de narration offre pour un montage efficace, et l'histoire que nous raconte son film serait probablement moins intéressante si son récit était purement linéaire. On passe de documents en documents, tel point de vue enrichissant tel autre, et l'angoisse monte lentement et s'impose avec beaucoup de naturel, malgré quelques intrigues secondaires qui laissent plutôt froid et, de temps en temps, un caractère un peu brouillon voire franchement confus.

 

Le film peut se révéler prenant ou poignant (la bande audio des deux policiers dans la maison, ou l'arrivée dans une ville morte d'un couple ignorant tout de la situation) et l'instant d'après laisser perplexe ou cesser de fonctionner quelques instants, en particulier dans ses effets de flash-back qui tendent à nous rappeler ce qu'on nous a dit cinq minutes auparavant, au cas où le spectateur aurait une mémoire de poisson rouge. Mais chaque séquence du film est trop courte pour gâcher l'ensemble. The Bay offre donc peu de temps mort, et se révèle vraiment efficace, malgré un début pouvant laisser craindre le contraire.

 

Un film bien dosé, bien équilibé, qui suggère plus qu'il ne montre, ce qui lui évite certes de tomber dans le grand-guignol mais apparaît également quelquefois comme de la timidité mal placée. Attention, certains passages sont assez dégueulasses, surtout si vous n'aimez pas le vomi, et en général les gens n'aiment pas le vomi, mais l'horreur dépeinte dans le scénario aurait certainement mérité un peu plus d'audace au niveau du graphisme. En somme, et venant de moi c'est un comble, le film n'aurait pas souffert d'être un tout petit peu plus gore.

 

Donc bon voilà, mitigé je suis, agréablement intrigué plus que surpris, face à ce film un peu comme les autres mais pas tout à fait, au montage et à la réalisation parfois audacieux et parfois timorés, qui essaye des choses sans aller toujours jusqu'au bout et qui critique sans trop se mouiller mais qui, au final, vaut tout de même le coup d'oeil !


Sur ce, je vous laisse.

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