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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 00:56

xtro

 

 

Si vous faites partie des deux personnes qui suivent ce blog avec une certaine régularité, vous avez sans doute constaté que j'aime à débuter mes articles par un résumé sommaire du film dont il s'apprête à parler. Je fais cela pour deux raisons : la première, c'est que cela permet au lecteur de situer le contexte général de l'oeuvre dont il va être question et de ne pas être trop paumé en lisant mes considérations essentielles dont je ne manque jamais d'éblouir l'Internet en usant de toute ma fougue créatrice et de toute mon absence totale de pudeur ou de modestie. La deuxième, c'est que c'est une merveilleuse manière de se simplifier l'existence. Les textes ont ceci de commun avec les jeunes femmes de confession musulmanes qu'ils sont extrêment difficiles à introduire. Déjà, à la fac, c'était une torture permanente que de trouver une manière un tant soit peu originale de commencer mes dissertations. Maintenant que j'ai tous mes diplômes en poche, je n'ai plus de raison de me prendre la tête alors je me la joue Télé 7 jours et c'est très bien comme ça.


Mais avec Xtro, je me retrouve face à un joyeux bordel. Tenter de résumer ce film relève de l'inconscience pure et simple. J'ai rarement vu des films se trimballant une intrigue aussi carambolesque. Dés le début ou quasiment on n'est pas certain de tout comprendre, et non seulement ce sentiment ne va pas en s'atténuant mais au contraire il se renforce jusqu'à une fin qui amène le spectateur à se dire : « d'accord, de toute évidence je n'ai pas tout compris, mais je crois sincèrement que c'est fait exprès. »


Bon c'est une histoire d'extraterrestre, d'enlèvement extraterrestre plus exactement, ou plus exactement encore de retour d'un enlevé par des extraterrestres, mais entretemps l'enlevé en question est devenu un extraterrestre lui aussi et il revient, après avoir repris forme humaine en fécondant une blonde qui a un chien, chercher son fils pour en faire un extraterrestre à son tour et pour lui donner des pouvoirs surnaturels dont il usera afin d'assassiner sa voisine du dessous à l'aide de ses jouets devenus vivants, parce que la vieille avait eu le malheur de tuer le serpent du gamin qui s'était retrouvé dans sa salade, à la vieille la salade, pas au gamin, puis pour faire pondre des oeufs bizarres à sa babysitter qui est française mais ne parle cependant la langue de Molière que pour dire des gros mots. Un truc comme ça, quoi. Mais j'ai omis un certain nombre d'éléments de l'histoire pour faire plus simple et plus compréhensible.


Xtro a une certaine réputation dans le petit monde des films d'horreur. Il est généralement considéré comme un navet, ou au moins comme une série Z. Pour ma part, j'ai du mal à rejoindre cette opinion. Il m'arrive souvent de dire que des films ont les qualités de leurs défauts, parfois de manière abusive parce que c'est une tournure de phrase que j'aime bien, mais là, avec Xtro, il est impossible de faire plus « film qui a les qualités de ses défauts » que ça. Tant mieux pour lui d'ailleurs, parce que des défauts il n'en manque foutrement pas ! Comme je n'ai pas envie de tous les énumérer, je me contenterais de citer le plus gros d'entre-eux, à savoir le montage du film, qui est clairement étrange. Je n'arrive même pas à définir ce qui cloche dedans, mais il y a quelque chose qui cloche, ça j'en suis certain. Et c'est moyennement défendable, même si l'on sait faire preuve d'une tolérance stylistique hors du commun, ce qui est mon cas de temps en temps lorsque j'ai envie de faire preuve de mauvaise foi.


Après, c'est un film qui a une ambiance. Une vraie. Une ambiance de quoi ? Là encore je ne saurais pas vous le dire exactement, mais il en a une. Avec ses effets spéciaux parfaitement cheap et dégueus à la fois, qui ne sont pas sans rappeler les actuels tentacles-porns nippons, et sa musique au synthé dont certains accents font, eux, penser à La Soupe aux choux (un film qui compte parmi mes préférés, alors ne vous moquez pas ou je vous mords), avec ses plans froids ou ses délires organiques façon Cronenberg première période et sa représentation cauchemardesque d'un monde de l'enfance où le clownesque devient sadique et meurtrier, genre « plus pervers polymorphe que ça, tu meurs », avec des cathédrales pour uniques montagnes et de noirs clochers comme mâts de Cocagne où des diables en pierre décrochent des nuages, Xtro ne mérite pas vraiment une classification B ou Z : on devrait plutôt considérer que c'est un film de série W, comme « Whatever ».


Ce n'est pas mauvais, ce n'est pas bon non plus, c'est juste à voir. Une fois, dans sa vie, pour se rendre compte et se faire sa propre idée. Mais surtout ne pas s'arrêter aux toutes premières minutes, à sa petite référence kubrickienne pompeuse ou sa classique « je suis un vilain monstre qui vient manger des gens ». Il faut laisser au film le temps de se développer, d'apparaître sous son vrai visage de grand n'importe quoi qui vient de nulle part, et s'accrocher, s'accrocher beaucoup et souvent, en admettant qu'après tout nous ne sommes certainement pas seuls dans l'univers et qu'il doit bien y avoir quelque part sur une autre planète une civilisation qui saurait comprendre exactement ce dont il est question dans ce fourre-tout à la fois dantesque et kafkaïen.


Pour faire plus clair : oui, parfaitement, je recommande Xtro et j'assume. C'est un délire comme seules les années 80 pouvaient en produire, pour le pire et le meilleur d'ailleurs, mais ce n'est certainement pas le plus vilain visage que cette décennie de merde peut proposer.


Sur ce je vous laisse, et si vous pensez tout savoir de la médecine moderne, sachez que vous aurez l'occasion en regardant Xtro d'assister à une configuration obstétricale à laquelle vous n'aviez probablement jamais pensé auparavant, ce qui est pour le coup tout à votre honneur !

  

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commentaires

V
<br /> Les bras m'en tombent. Je n'ai jamais vu ça. Kafkaïen ! Et pourquoi pas sartrien pendant qu'on y est ?<br /> Je trouve que ce film réunit toutes les possibilités offertes par le classique navet, mais l'accumulation potagère rend ce film exceptionnel, il y a là une ratatouille qui prendrait presque. Les<br /> scènes grandguignolesques chez la mémé ou au début lors de l'accouchement sont à hurler de rire, bienvenues également les scènes érotiques qui semblent tomber là comme un cheveu sur le gratin de<br /> courgette entre deux scènes pas ragoutantes du monstre gluant... Si on rajoute à cela la musique électronique bidouillée et un doublage français qui frise le ridicule on pourrait parler de film<br /> culte ! :D<br /> <br /> M'enfin pas tous les jours non plus. 8-!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Ou Série W pour "What-da-fuck-is-this-shit-dude-??!" !<br /> <br /> Je n'ai pas encore eu l'occasion de découvrir ce X-Tro (j'avais trouvé le 3e opus à 1€ dans une brocante mais je ne m'y suis pas encore risqué) mais ta critique m'a donné foutrement envie, ne<br /> serait-ce que pour découvrir le bordel visuel que constitue cette oeuvre !<br /> <br /> <br />
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